mercredi 19 novembre 2025

Des manifestations secouent l’Iran : ouvriers et étudiants réclament justice

 Une vague de manifestations a déferlé sur de nombreux secteurs en Iran le mercredi 19 novembre 2025, révélant les défaillances systémiques et les priorités brutales du régime en place. Des ouvriers et employés municipaux aux étudiants et investisseurs floués, les citoyens sont descendus dans la rue pour protester contre des conditions de vie devenues intolérables. Les événements de cette journée dressent un tableau saisissant d’un gouvernement qui répond aux revendications légitimes de salaires, d’alimentation saine et de justice financière par la répression anti-émeute, les arrestations et le vol institutionnalisé.

Répression ouvrière : La répression à Isfahan

À Ispahan, des ouvriers de la Société d’Acier d’Ispahan ont tenté d’organiser une manifestation pacifique devant les bureaux du gouverneur provincial. Leurs revendications étaient simples : le paiement de leurs salaires impayés depuis longtemps et un allègement des pressions économiques accablantes qui ont plongé leurs familles dans la misère. Au lieu d’un dialogue, ils ont été confrontés à une opération de sécurité massive et planifiée. Un important dispositif de sécurité, composé de forces de sécurité de l’État, d’agents en civil et d’agents de sécurité de l’entreprise, a été déployé sur les lieux, bloquant ainsi le rassemblement avant même qu’il ne puisse commencer. Selon des témoignages, plusieurs ouvriers ont été identifiés et arrêtés sur place. Cette répression brutale fait suite à une manifestation similaire, restée sans suite, le 30 octobre, révélant une politique du régime visant à étouffer toute dissidence plutôt qu’à s’attaquer à ses causes profondes.

Grèves municipales et protestations étudiantes

Le mouvement social s’est étendu à Nourabad Mamasani, où les employés municipaux des services d’assainissement et d’entretien des espaces verts se sont mis en grève. Leurs griefs faisaient écho à ceux d’Ispahan : salaires impayés de façon chronique, entrepreneurs sans scrupules qui les menacent de licenciement et promesses non tenues à répétition de la part des autorités locales. Un travailleur a souligné l’absurdité de leur situation, faisant remarquer que des employés ayant 10 à 15 ans d’ancienneté, travaillant par roulements de 8 à 12 heures, ne gagnaient toujours pas assez pour nourrir leur famille.

Pendant ce temps, à Téhéran, la corruption du régime se manifestait par une véritable crise sanitaire. Les étudiants de l’université Beheshti se sont rassemblés pour protester contre la qualité dangereusement mauvaise de la nourriture servie dans les cafétérias. Des témoignages recueillis lors de la manifestation décrivaient de la viande crue servie comme « kebab » et des escalopes avariées de la veille, provoquant une intoxication alimentaire généralisée, avec nausées et crampes d’estomac. Brandissant des pancartes et scandant des slogans, les étudiants ont clairement affirmé leur position : « Se nourrir n’est pas un luxe, c’est un droit fondamental.» Leur protestation n’était pas une question de goût, mais un avertissement face à une grave défaillance de la santé publique mettant en danger des milliers de personnes.

Vol organisé par l’État : Le scandale Cryptoland

La manifestation la plus politisée de la journée s’est déroulée devant le tribunal de Téhéran, où les victimes de l’effondrement financier de Cryptoland se sont rassemblées après trois ans d’obstruction. Leurs slogans remettaient en cause la légitimité même du régime : « Honte à notre système judiciaire ! » et « Hussein est leur slogan, le mensonge et le vol sont leur spécialité ! »

Leur colère est pleinement justifiée. Les enquêtes révèlent que l’affaire Cryptoland n’était pas une simple escroquerie aux cryptomonnaies, mais un vol à grande échelle orchestré par des interrogateurs de haut rang de l’Organisation du renseignement des Gardiens de la révolution. Le lendemain de l’arrestation du PDG de la plateforme en 2021, des interrogateurs des Gardiens de la révolution, dirigés par Behnam (Mehdi) Hajipour, ont transféré et vendu pour environ 21,7 millions de dollars de jetons provenant de son portefeuille. Alors que plus de 51 000 petits investisseurs perdaient leurs économies, les agents des Gardiens de la révolution qui avaient volé leur argent ont été arrêtés alors qu’ils tentaient de revendre les actifs sur le marché. Cette manifestation témoigne de l’iniquité d’un système judiciaire qui protège les criminels des Gardiens de la révolution tout en ruinant des dizaines de milliers de citoyens.

Les manifestations du 19 novembre ne sont pas des incidents isolés, mais les symptômes d’un système profondément corrompu. Qu’il s’agisse d’un ouvrier sidérurgiste réclamant son salaire, d’un étudiant demandant un accès à une alimentation saine ou d’un investisseur en quête de justice, l’adversaire est le même : un régime corrompu et répressif qui a pillé les richesses de la nation et qui réprime toute forme de dissidence avec toute la force de l’État. Les voix diverses et indignées qui s’élèvent à travers l’Iran envoient un message unifié : le peuple n’est plus disposé à tolérer un gouvernement qui empoisonne sa nourriture, vole ses économies et étouffe ses revendications de dignité humaine fondamentale.

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