jeudi 27 novembre 2025

Téhéran, Mashhad et Kerman en situation d’urgence face à l’aggravation de la crise de l’eau en Iran

 La crise de l’eau en Iran a atteint un stade critique : plusieurs provinces, dont Téhéran, Mashhad et Kerman, sont confrontées à une situation d’urgence et, dans certains cas, à un rationnement de facto. Dans la capitale, le directeur adjoint de la Compagnie régionale des eaux de Téhéran indique que les barrages de la province ont atteint leur « volume stratégique ».

Rama Habibi, directeur adjoint de la Compagnie régionale des eaux de Téhéran, a annoncé samedi 22 novembre que les réservoirs des barrages de la capitale ont atteint un niveau tel que tout prélèvement supplémentaire pourrait compromettre la sécurité des barrages et du réseau d’approvisionnement.

Il a déclaré : « Je ne peux pas affirmer que les barrages de Téhéran aient atteint leur capacité morte, mais ils sont presque à un niveau en dessous duquel on parle de volume stratégique, et ce volume doit rester dans le barrage. »

Selon Habibi, aucun des barrages de la capitale n’a encore été mis hors service, mais certains ont atteint des niveaux où même l’extraction d’eau est techniquement impossible.

Le « volume stratégique » désigne la portion d’eau stockée dans un réservoir qui est réservée à la gestion des crises lors de graves sécheresses ou inondations et qui n’est pas destinée à la consommation quotidienne.

Selon les statistiques officielles, Téhéran connaît actuellement sa sixième année consécutive de sécheresse.

Le niveau d’eau du barrage de Latian a atteint son niveau le plus bas depuis soixante ans, et le barrage de Karaj est rempli à moins de 10 % de sa capacité. Par conséquent, 70 % de l’eau de Téhéran provient désormais de sources d’eau souterraine, des ressources déjà fortement sollicitées, de nombreuses nappes phréatiques étant au bord de l’affaissement des sols.

Gestion de la pression de l’eau à Téhéran

Isa Bozorgzadeh, porte-parole du secteur de l’eau en Iran, a annoncé que la « gestion de la pression de l’eau » demeure l’un des principaux outils du ministère de l’Énergie pour atténuer la crise de l’eau dans la capitale, et que la réduction de la pression de l’eau se poursuit dans plusieurs quartiers de Téhéran.

M. Bozorgzadeh a précisé que la réduction de pression est appliquée de minuit jusqu’aux premières heures du matin, période de faible consommation, et se poursuit, avec une intensité moindre, durant la journée.

Il a averti que si les citoyens ne répondent pas à l’appel du ministère de l’Énergie à réduire leur consommation de 10 %, la gestion de la pression pourrait être étendue à d’autres moments de la journée.

Forte baisse des précipitations ; vingt provinces sans pluie

Mohammad Javanbakht, directeur de la Société iranienne de gestion des ressources en eau, a annoncé qu’au cours des cinquante derniers jours, seulement 3,5 millimètres de pluie ont été enregistrés à l’échelle nationale, soit à peine 18 % de la moyenne normale.

Selon lui, vingt provinces n’ont reçu aucune précipitation et l’année hydrologique précédente a été la cinquième année sèche consécutive pour l’Iran.

Javanbakht a déclaré : « L’année dernière, Téhéran et Bandar Abbas ont connu la période la plus sèche de leur histoire. »

Une baisse de 40 % des précipitations a entraîné une chute du niveau d’eau des barrages du pays à son plus bas niveau depuis plus de dix ans.

Mashhad : début du rationnement et épuisement des réserves des barrages
Nasrollah Pejmanfar, président de la Commission de l’article 90 au Parlement iranien, a annoncé le 21 novembre qu’à Mashhad, « le barrage de Doosti est à sec et le niveau d’eau des barrages de Mashhad est nul ».

Il a confirmé que la métropole est désormais soumise à un rationnement.

Pejmanfar a attribué la pénurie d’eau à une « mauvaise gestion et à l’absence de gestion des bassins versants et des aquifères », précisant que les bassins hydrographiques du pays ont une capacité d’environ 400 milliards de mètres cubes, mais qu’une grande partie de cette eau quitte le pays faute de planification.

Kerman : effondrement des qanats et « mort progressive » dans l’une des provinces les plus arides
Les reportages de terrain en provenance de la province de Kerman dressent le tableau d’un effondrement progressif de la vie dans la région.

Les qanats s’assèchent, les eaux souterraines sont devenues amères et salées, les vergers et les terres agricoles ont été détruits, et une grande partie de la faune sauvage est menacée d’extinction.

Dans de nombreuses zones, l’eau ne circule que par des pompes vétustes, tandis que la consommation excessive dans les secteurs domestique et agricole persiste.

Les experts affirment que l’irrigation par submersion continue, des systèmes de culture inadaptés au climat et un prélèvement excessif dans les aquifères ont conduit à une situation de « mort de l’écosystème ».

Sécheresse, mauvaise gestion ou une combinaison des deux ?

Bien que de nombreux responsables attribuent la crise principalement à la sécheresse, les experts en ressources hydriques estiment que la mauvaise gestion, l’expansion urbaine non maîtrisée, la pression excessive du développement et l’absence de planification de la gestion de la consommation en sont les principaux facteurs.

Le prélèvement excessif d’eau dans des milliers de puits autour de Téhéran, les pertes massives dans le réseau de distribution, l’expansion des zones résidentielles précaires, la délivrance massive de permis de construire pour de nouveaux lotissements et le recours minimal aux technologies modernes de gestion de la consommation contribuent tous à l’aggravation de la crise.

Les spécialistes de l’eau soulignent que la poursuite de la tendance actuelle pourrait rendre l’approvisionnement en eau impossible pour 30 à 50 % de la population de Téhéran d’ici cinq à dix ans.

Certains ont également averti que si les précipitations restent insuffisantes cet hiver, le pays pourrait entrer dans une phase de rationnement plus général et même procéder à des évacuations localisées de certaines zones.

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