Les pionnières de la révolution : Briser les barrières dans une société traditionnelle
Au milieu des années 1960, Deux grands mouvements d’opposition ont émergé comme acteurs clés de la lutte pour la liberté. L’un d’eux était l’Organisation des moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI).
L’OMPI s’est distinguée par son idéologie progressiste, son approche pragmatique et son point de vue novateur sur l’égalité des sexes. En rejetant la discrimination et en prônant une participation égale, elle a constitué une plate-forme inspirante pour les intellectuels, les jeunes et les femmes.
Pour les femmes, en particulier celles qui étaient favorables à l’OMPI, rejoindre la lutte clandestine était un combat difficile. Elles ont dû remettre en question des normes sociétales profondément ancrées qui reléguaient la résistance politique aux hommes et confinaient le rôle des femmes à des sphères sociales limitées. Dans de nombreuses familles traditionnelles, la participation des femmes aux activités sociales et politiques était mal vue, sans parler de l’adhésion à un mouvement clandestin.
Malgré ces redoutables obstacles, de nombreuses femmes courageuses ont défié les contraintes sociétales et familiales pour rejoindre la résistance. Au début des années 1970, de nombreuses militantes ont été arrêtées par la SAVAK, la tristement célèbre police secrète iranienne. Nombre d’entre elles ont subi de sauvages tortures, tandis que d’autres ont été exécutées ou tuées lors d’affrontements. Leur bravoure a marqué un tournant dans le mouvement de résistance moderne de l’Iran.

Fatemeh Amini et les premières femmes martyres : Icônes de la résistance
Pendant les jours les plus sombres du règne de terreur de la SAVAK, les groupes révolutionnaires clandestins ont eu du mal à recruter des membres, en particulier des femmes, en raison du climat politique oppressif. Si les femmes ont d’abord joué un rôle de soutien, notamment en apportant une aide logistique et en renforçant les réseaux clandestins, certaines ont défié les attentes et sont devenues des militantes de premier plan.
Parmi ces pionnières, citons Fatemeh Amini, une enseignante de 31 ans, membre de l’OMPI. Diplômée de l’université de Mashhad, elle a commencé à militer en 1963 et a joué un rôle clé dans la mobilisation du soutien au mouvement. Arrêtée lors d’une opération, Fatemeh a enduré 5 mois et demi de tortures atroces, avant de succomber à ses blessures sans trahir ses camarades. Elle est devenue la première femme martyre de l’OMPI, constituant par là-même un précédent pour les futures générations de femmes engagées dans la lutte.
Elle n’était pas la seule. Mehrnoush Ebrahimi, la première femme martyrisée lors d’un affrontement de rue avec la SAVAK en 1971, et d’autres comme Ashraf Rabii (Radjavi), Narges Azdanlou et Marzieh Ahmadi Eskouei ont suivi ses traces. À leurs côtés, des mères comme Zahra Nowrouzi (Aziz Rezaei), Massoumeh Shadmani (Mère Kabiri) et Ezzat Gharavi ont joué un rôle essentiel dans le soutien à la résistance, prouvant que la lutte pour la liberté ne connaissait pas de limites de sexe ou d’âge.
Le rôle des mères et des familles : Les voix de la justice au milieu de l’oppression
Alors que la résistance révolutionnaire se poursuivait dans les prisons et les cellules souterraines, les mères, les sœurs et les familles des prisonniers politiques sont apparues comme une force imparable. Avec une détermination sans faille, ces femmes sont devenues les voix de leurs enfants emprisonnés et la force motrice de la dénonciation des atrocités commises par le chah.
Elles se sont rassemblées sans crainte dans les bazars de Téhéran, devant les tribunaux militaires et à la prison de Qasr, transformant le chagrin en résistance. En distribuant des tracts, en organisant des sit-in et en mobilisant l’opinion publique, ils ont joué un rôle crucial en comblant le fossé entre le mouvement de résistance et les masses. Leurs efforts ont permis de mobiliser l’opinion publique contre la répression du chah.
Leur lutte s’est avérée vitale pour maintenir l’élan de la révolution. En transmettant des messages entre les dirigeants emprisonnés et le monde extérieur, elles ont contribué à orchestrer un effort coordonné qui allait finalement mettre la monarchie à genoux.
Les femmes dans les manifestations de masse : La position héroïque de la place Jaleh
En 1976, la pression internationale, en particulier la politique du président américain Jimmy Carter en matière de « droits de l’Homme », a contraint le chah à réduire temporairement la torture et les exécutions. Cela a ouvert la voie aux protestations sociales, qui ont pris de l’ampleur en 1977. Les femmes, en particulier les mères et les étudiantes, ont été parmi les premières à descendre dans la rue.
Le 6 septembre 1978, lors d’une grande manifestation antimonarchique à Téhéran, des milliers de femmes ont défilé pour la première fois, réclamant la liberté. Le lendemain, elles étaient encore plus nombreuses à descendre dans la rue, scandant « La seule voie vers la libération est la lutte armée “ et ” À bas le chah ».
Puis vint le vendredi noir, le 8 septembre 1978. Défiant la loi martiale, des milliers de personnes, dont de nombreuses femmes, se sont rassemblées sur la place Jaleh. En réponse, l’armée du chah a ouvert le feu sans discernement, tuant des centaines de personnes, dont beaucoup de femmes et d’enfants. Ce massacre a marqué un tournant dans la révolution, renforçant la détermination du peuple à renverser la monarchie.
Quelques mois plus tard, la révolution a atteint son apogée. Lors des grandes processions de la Tasua et de l’Achoura, les femmes et les hommes marchaient à l’unisson, leurs chants « À bas le chah » résonnant dans tout le pays. La victoire était imminente.

Le cri des mères : Une campagne pour la libération des prisonniers politiques
L’une des batailles les plus importantes de la révolution a été la lutte pour la libération des prisonniers politiques. Les mères, les sœurs et les épouses des prisonniers ont mené une campagne sans relâche pour exiger la libération de leurs proches.
Grâce à des manifestations, des rassemblements et des efforts coordonnés, elles ont réalisé une percée décisive. Le 19 octobre 1978, 182 prisonniers politiques ont été libérés, suivis par plus de 1 000 autres le 25 octobre. Le 13 janvier 1979, un rassemblement historique de femmes activistes au Barreau a abouti à la libération du dernier groupe de prisonniers, dont Massoud Radjavi, Ashraf Radjavi et Moussa Khiabani.
Ces victoires ont donné une dernière impulsion à la chute du chah, démontrant le pouvoir de la résistance organisée menée par des femmes sans peur.
Les femmes : Les pionnières du chemin vers la liberté
La chute du chah, le 11 février 1979, n’a pas marqué la fin, mais plutôt le début d’un nouveau chapitre de la lutte des femmes iraniennes. Au cours des 46 dernières années, ces audacieuses femmes sont restées à l’avant-garde de la lutte contre l’oppression, sans se laisser décourager par l’emprisonnement, la torture et l’exécution.
Aujourd’hui, elles continuent de mener la charge contre la dictature théocratique, portant les flambeaux des héroïnes et des martyrs tombés au combat. Leur vision est claire : un Iran libre et démocratique, où aucun dictateur – ni le chah, ni les mollahs – ne régnera plus jamais.
La victoire se profile à l’horizon !
Source . CNRI Femmes
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