Avant même le tir du premier missile, l’économie iranienne était déjà en difficulté. Si les responsables ont évoqué une croissance modeste du PIB ou des hausses temporaires dues au troc avec la Chine comme des signes de reprise, le tableau plus profond était celui d’un effondrement accéléré : inflation incontrôlée, chômage en hausse, industries stagnantes et déficit budgétaire hors de contrôle. Il ne s’agit pas d’échecs externes imposés par des sanctions ou un conflit, mais du résultat de décennies de mauvaise gestion économique, de corruption structurelle et de priorités du régime qui placent l’expansion militaire et l’exportation idéologique bien au-dessus des besoins fondamentaux des citoyens iraniens.
La guerre a fourni au régime plus qu’une simple couverture géopolitique : elle lui a offert une diversion politique. Alors que le pays s’orientait vers des troubles généralisés, Téhéran a saisi l’occasion pour rediriger l’attention de l’opinion publique. C’est une tactique bien rodée. Face à des pressions internes – économiques, politiques ou sociales –, le régime recourt à la confrontation extérieure, tentant d’attiser le sentiment nationaliste tout en réprimant la dissidence intérieure. Cette fois-ci, ce n’était pas différent. Le conflit n’a jamais eu pour but de défendre les intérêts iraniens ; il s’agissait de défendre le régime contre son propre peuple.
Les conséquences ont été rapides. La monnaie nationale a chuté brutalement, le dollar atteignant près de 88 000 tomans, soit une chute de 7 % alimentée par la panique et la méfiance. La Bourse de Téhéran a dégringolé, les investisseurs se retirant dans un contexte d’incertitude. L’inflation a encore grimpé en flèche, notamment pour les produits de première nécessité, en raison des dommages aux infrastructures et des goulets d’étranglement logistiques. Pendant ce temps, le régime a continué d’échanger du pétrole contre des armes en provenance de Chine, privant l’Iran de devises étrangères essentielles et l’empêchant de subvenir aux besoins de sa population civile. Ce sont la classe ouvrière et la classe moyenne qui en paient le prix, tandis que l’élite reste intouchable.
Le plus alarmant, cependant, est peut-être que rien n’indique que le régime envisage de changer de cap. Bien au contraire : il redouble d’efforts. Téhéran continue d’investir dans des groupes mandataires au Liban, en Syrie, au Yémen et en Irak, tout en investissant dans du matériel militaire en provenance de Russie et de Chine. À l’intérieur du pays, la répression s’est intensifiée à des niveaux jamais vus depuis des décennies. En 2024, l’Iran était responsable d’environ 75 % des exécutions recensées dans le monde. Une personne est exécutée toutes les quatre heures, souvent accusée de vagues « menaces à la sécurité » qui ne sont rien d’autre que de la dissidence politique.
Ce régime ne peut être réformé. Il ne peut être modéré. Mais son remplacement exige plus que la colère populaire : il faut une alternative crédible et organisée, capable d’offrir un véritable avenir.
C’est pourquoi la proposition d’une « Troisième Option » de Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), est importante. Elle expose une vision d’une république démocratique fondée sur la séparation de la religion et de l’État, l’égalité des sexes, les droits humains et une politique étrangère non nucléaire. Dans un contexte marqué par l’effondrement de la confiance et le théâtre politique, ce cadre offre une solution radicalement différente : une feuille de route fondée sur des principes et conçue pour l’avenir de l’Iran, et non pour son passé.
Plus important encore, la Troisième Option souligne que cette vision d’un Iran futur ne se concrétisera pas par une guerre étrangère ou l’apaisement – deux approches vouées à l’échec. Elle s’appuie sur le peuple iranien et sa Résistance organisée pour provoquer un changement de régime et instaurer la démocratie. La guerre de 12 jours n’a pas créé la crise iranienne. Elle n’a fait que mettre en lumière l’ampleur d’un effondrement déjà bien engagé. Le régime a perdu sa légitimité, sa capacité à gouverner et son lien avec le peuple. Ses derniers outils sont les balles, les prisons et les distractions télévisées.
Mais ces outils perdent de leur efficacité. Le peuple iranien, et en particulier la jeune génération, perçoit les mensonges du régime. Il sait que le véritable ennemi n’est pas étranger, mais intérieur. Et il comprend que le véritable patriotisme ne réside pas dans les drapeaux et les slogans, mais dans la construction d’un Iran libre, juste et démocratique.

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