Une double crise, faite d’échec économique et de violences d’État meurtrières, secoue l’Iran, révélant la nature immuable de la théocratie au pouvoir. Ces derniers jours, les manifestations nationales de boulangers contre un système de rationnement désastreux et les manifestations furieuses d’investisseurs face à l’effondrement de la bourse ont coïncidé avec les meurtres délibérés de femmes civiles par le CGRI au Sistan-Baloutchistan, révélant un régime qui répond au désespoir par la négligence et à la dissidence par les balles.
Révolte des boulangers contre le système « Nanino »
L’épicentre des troubles économiques se situe dans les boulangeries du pays, où un système numérique imposé par l’État, connu sous le nom de « Nanino », a poussé des milliers de personnes au bord de la faillite. À Mashhad, les boulangers se sont rassemblés le 8 juillet, leur frustration étant palpable. « À qui exprimer notre douleur ?» a demandé un boulanger, déplorant une augmentation de 50 % promise, qui n’a jamais eu lieu après 50 jours. Un autre a évoqué son incapacité à payer ses employés ou à acheter des denrées de base pour sa famille : « Je n’ai plus d’argent sur mon compte depuis le 27 [du mois dernier] ».
Les manifestations se propagent rapidement. À Kangavar et Bojnurd, les boulangers ont pris la décision radicale de restituer leurs lecteurs de cartes imposés par l’État, mettant ainsi fin officiellement à leur collaboration avec un système qui, selon eux, détruit leurs moyens de subsistance.
Au cœur de leurs griefs se trouve « Nanino », un système soi-disant « intelligent » introduit en 2022. Ses critiques le décrivent comme un programme défaillant, source d’un véritable cauchemar bureaucratique. Ce système, basé à Téhéran, réduit arbitrairement les quotas mensuels de farine des boulangeries pour de vagues « infractions ». Un boulanger a rapporté que son quota quotidien était passé de dix sacs à trois seulement, l’empêchant de couvrir les coûts de trois ouvriers, sans parler du loyer, des charges et des fournitures.
Ce système enferme les boulangers dans une situation sans issue. Il utilise des indicateurs irréalistes, surestimant le nombre de pains pouvant être produits à partir d’un sac de farine. Si un boulanger produit une quantité réaliste, le système l’accuse de vendre de la farine au marché noir ; s’il tente d’atteindre l’objectif gonflé du système en réduisant la taille des pains, il est accusé de gruger les clients. Dans les deux cas, il est passible d’amendes et de nouvelles réductions de quotas. Les boulangers sont même pénalisés pour des circonstances indépendantes de leur volonté, comme des coupures de courant fréquentes ou un mauvais accès à Internet dans les zones rurales.
Les investisseurs prennent d’assaut la Bourse
La crise économique ne se limite pas aux biens de première nécessité. À Téhéran, la crise a pris une tournure dramatique le 9 juillet, lorsque des investisseurs en colère ont pris d’assaut la Bourse pour protester contre l’effondrement continu et grave du marché. Les manifestants ont exprimé leur colère face aux pertes financières massives engendrées par ce que les analystes qualifient de « climat politique et économique instable » après la guerre de 12 jours.
Les données financières brossent le tableau d’un krach boursier généralisé. Rien que le 9 juillet, l’indice principal a chuté de plus de 21 000 points, avec une chute vertigineuse de 90 % des actions cotées. Cette chute faisait suite à une chute de 52 000 points la veille. Au total, le marché a perdu plus de 300 000 points depuis la fin du conflit. Le premier jour de bourse après le cessez-le-feu, le 28 juin, plus de 99 % des actions ont chuté, créant une vague de ventes record de 35 000 milliards de tomans, les investisseurs se précipitant pour quitter le marché.
Les tentatives du régime pour enrayer la chute libre ont échoué. La manipulation des limites quotidiennes de fluctuation des prix et l’annonce d’une injection de 60 000 milliards de tomans par la Banque centrale ont été qualifiées par les experts de solutions temporaires, incapables de restaurer la confiance ni d’enrayer la fuite massive des capitaux.
La guerre du régime contre les femmes au Baloutchistan
Alors que les boulangers luttent pour leur survie économique, les forces de sécurité du régime continuent de déployer une force meurtrière contre les civils, en particulier dans les régions où vivent des minorités. À Khash, dans la province du Sistan-Baloutchistan, une attaque de type militaire menée par les Gardiens de la révolution islamique (GRI) contre le village de Guneich le 1er juillet a causé la mort de deux femmes et en a blessé plus de dix autres.
Lali Bamri, une mère de 40 ans, a été abattue directement par les forces des GRI lors de l’attaque. Les deux reins détruits par les tirs, elle s’est accrochée à la vie pendant trois jours sous dialyse avant de succomber à ses blessures le 4 juillet. Une autre femme, Khan-Bibi Bamri, a été tuée sur le coup lors de la même attaque.
Selon des témoins locaux, le raid du CGRI était une opération délibérée visant des civils. Les forces ont utilisé des véhicules militaires, des drones et des armes de guerre pour attaquer des habitations, ciblant particulièrement les femmes. Les funérailles de Lali Bamri, le 7 juillet, se sont transformées en une scène de colère publique, démontrant que la brutalité du régime ne fait qu’alimenter la résistance.
Un régime d’incompétence et de meurtres
Ces événements – de l’effondrement de la bourse et de la faillite systémique du système Nanino à la brutalité flagrante du CGRI au Baloutchistan – ne sont pas des incidents isolés. Ils témoignent de la même théocratie défaillante sous le Guide suprême Ali Khamenei. La nouvelle administration présidentielle de Massoud Pezeshkian n’est qu’une façade destinée à détourner l’attention de la réalité implacable d’un système qui détruit les moyens de subsistance d’une main et ôte des vies de l’autre.

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