L'économie iranienne est prise au piège d'un tourbillon de crises structurelles et de tensions extérieures, une situation qui n'offre aucune perspective claire de reprise et révèle plutôt des signes plus profonds d'effondrement de la résilience économique et sociale. Les données officielles et de terrain indiquent une inflation galopante, un recul des investissements, une contraction de l'activité des marchés et des activités commerciales, ainsi qu'une incapacité croissante des ménages à subvenir à leurs besoins fondamentaux.
L'inflation galopante et la pression sur les moyens de subsistance
La hausse des prix des biens essentiels, notamment alimentaires, a dépassé ce que l'on pourrait qualifier de simples « hausses de prix » : elle est devenue un véritable choc économique. Les données officielles montrent que, de l'hiver dernier au 21 juin, les prix de produits comme le riz, les haricots et les lentilles ont bondi d'au moins 70 %. Le riz iranien, aliment de base des repas des ménages, a connu une nouvelle hausse de 50 % fin juin, passant de 1,5 à 1,8 million de rials le kilogramme à 3 millions de rials (avec un taux de change sur le marché libre de 900 000 rials pour un dollar américain). Le pain, autre aliment de base, a augmenté de 52 % dans les capitales provinciales et de 40 % dans les petites villes. Ces chiffres ne représentent qu'une partie d'une dure réalité qui a poussé les déciles de revenus les plus faibles, les salariés au salaire minimum, les journaliers et les travailleurs précaires au bord de l'impossibilité de subvenir à leurs besoins essentiels.
L'inflation alimentaire n'est qu'un aspect du problème. Les loyers, les coûts de transport, les tarifs de l'énergie et les prix des médicaments ont également connu plusieurs hausses à deux chiffres, accentuant encore la pression sur les ménages. Parallèlement, des produits comme la viande rouge, la volaille et les œufs – déjà hors de portée du marché – ont encore augmenté de 8 à 11 %, devenant inabordables pour une grande partie de la population. Cette situation menace non seulement les moyens de subsistance des ménages, mais a également creusé les divisions sociales et alimenté un mécontentement social généralisé.
Récession économique et inefficacité structurelle
L'indice des directeurs d'achat (PMI) s'établit à 42,9 pour l'ensemble de l'économie et à 42,1 pour le secteur industriel, signalant une profonde récession. Cette récession résulte d'une structure économique défaillante qui alimente simultanément l'inflation et freine la croissance. Les liquidités, qui pourraient normalement stimuler la demande, sont devenues un fardeau pour les consommateurs et les entreprises dans ce contexte dysfonctionnel. Au cours des dernières décennies, au lieu de se décentraliser, l'État n'a fait que s'engorger et se trouve désormais incapable de gérer la crise actuelle. À l'inverse, le secteur privé, fragile et sous-développé, s'affaiblit à chaque nouveau choc. De nombreuses entreprises sont au bord de la faillite, et la baisse des stocks, la baisse de la demande et l'arrêt de l'activité industrielle, notamment dans le secteur de la construction, exacerbent cette fragilité.
Mahmoud Najafi-Arab, président de la Chambre de commerce de Téhéran, a cité la baisse des investissements et la réticence des investisseurs étrangers à s'implanter en Iran comme conséquence directe de l'incertitude engendrée par les tensions militaires. Les petites et moyennes entreprises (PME), piliers de toute économie, sont devenues de plus en plus vulnérables sous le poids des dettes bancaires, des arriérés d'impôts et des chocs économiques résultant des récentes tensions. En limitant les échanges commerciaux, les sanctions ont soumis ces entreprises à de fortes pressions financières et opérationnelles. Le contrôle des prix imposé par le gouvernement et les ingérences directes ont encore davantage mis en péril le développement économique et les moyens de subsistance de la population.
La bourse en chute libre
Le marché des capitaux n'a pas été épargné par la crise. Le principal indice boursier a connu une baisse continue, avec notamment une chute de 6 000 points le 23 juillet. Cette baisse reflète la fuite des capitaux des investisseurs réels vers les dépôts bancaires et les fonds à revenu fixe. L'analyste boursier Mohammad Rezanajad affirme que la persistance du risque systémique et les multiples déséquilibres structurels, comme la crise de l'eau, ont poussé la bourse en territoire négatif. La valeur du marché en dollars est tombée sous les 100 milliards de dollars, son plus bas niveau en cinq ans. Cela a non seulement érodé la confiance des investisseurs, mais a également laissé peu de place aux perspectives de bénéfices positives des entreprises.
Incertitude et opportunités perdues
Kamran Naderi, économiste proche du régime, a souligné les effets des tensions géopolitiques sur l'économie iranienne, notamment un ralentissement de la croissance, une hausse de l'inflation et la perturbation des équilibres économiques clés. Il a déclaré que si la situation actuelle persiste, il serait irréaliste de prévoir une croissance positive pour le second semestre. Les sanctions, dont les effets sont désormais encore plus dévastateurs, combinées à l'échec des politiques intérieures, ont exercé une pression considérable sur l'infrastructure économique du pays.
Le sociologue Alireza Sharifi-Yazdi a décrit l'incertitude comme la caractéristique principale de cette période. L'incapacité à planifier, tant pour la population que pour les responsables, a érodé tout espoir en l'avenir. Lorsque l'avenir est imprévisible, la motivation pour les activités quotidiennes est perdue.
Un tourbillon d'inflation, de récession et d'incertitude
L'économie iranienne est prise au piège d'un tourbillon d'inflation, de récession et d'incertitude. L'échec des politiques, les tensions géopolitiques et une structure économique dysfonctionnelle ont non seulement freiné la croissance, mais aussi gravement érodé la résilience économique et sociale du pays. Dans ce contexte, les ménages à faibles revenus, les PME et le marché boursier ont été les plus durement touchés.


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