La tragédie de Harirud : un exemple effrayant de cruauté institutionnelle
L’un des exemples les plus choquants de cette brutalité s’est produit en mai 2020 près de la rivière Harirud. Des témoins oculaires racontent que des ouvriers afghans ont été confrontés à un choix horrible : être abattus ou se noyer dans la rivière. Cinquante-sept personnes ont été torturées, jetées à l’eau et séparées à jamais de leurs familles. La pauvreté est-elle un crime ? La recherche d’un refuge est-elle punissable de mort ? Dans cette tragédie, ce n’est pas seulement une frontière qui a été violée, mais aussi la conscience humaine fondamentale.
Expulsions massives : répression systématique des réfugiés
À la suite des récentes tensions militaires entre l’Iran et Israël, une vague d’expulsions massives a marqué une nouvelle phase de la répression du régime contre les réfugiés afghans. Les agents frontaliers iraniens ont intensifié les contrôles, confisqué les téléphones portables, harcelé des individus en public et proféré des insultes racistes. Ces actions ont bafoué non seulement les droits humains, mais aussi des siècles d’histoire et de culture communes entre les deux nations. Les migrants afghans, dont beaucoup occupent les emplois les plus difficiles et les moins bien rémunérés, sont devenus des boucs émissaires. Même les infractions mineures commises par des individus sont désormais utilisées comme prétextes pour infliger des punitions collectives.
Des tragédies impardonnables et une honte systémique
Comment pouvons-nous fermer les yeux sur des événements tels que l’incendie d’une voiture à Yazd, les noyades dans le Harirud, l’expulsion forcée de centaines de milliers de personnes au cours de l’été 2025 ou la séparation de milliers d’enfants de leurs familles ? Ce sont là des taches sur la réputation du régime iranien au pouvoir et de ses institutions officielles.
Des pratiques inhumaines qui violent les principes
Le traitement réservé aux réfugiés afghans par le régime iranien est non seulement inhumain et contraire à l’islam, mais il constitue également une violation flagrante des droits humains. Expulser des femmes, des enfants, des étudiants et des travailleurs sous des accusations telles que « absence de documents » ou des allégations sans fondement telles que « espions israéliens » n’est rien d’autre qu’une diversion visant à détourner l’attention des échecs internes de l’Iran et une projection de ses insécurités en matière de sécurité.
Des millions d’Afghans ont grandi en Iran, ont étudié dans ses écoles, parlent persan avec un accent iranien et ont travaillé dur dans ses usines et ses ruelles. Pourtant, ils sont toujours considérés comme des « étrangers sans papiers » ou des « migrants illégaux », des identités qui les dépouillent de toute trace d’humanité.
Un cri contre la violence institutionnalisée
Cet article n’est pas motivé par une simple sympathie. C’est un cri contre la normalisation de la violence. Il pose une question obsédante : pourquoi les Afghans, qui travaillent dur, sont-ils traités de cette manière ? Avec la torture ? Avec l’humiliation ? Avec la noyade ? Avec la séparation forcée de leurs enfants ? Avec l’expulsion de leurs maisons où ils ont travaillé pendant des années et payé des impôts ?
Si l’humanité ne connaît pas de frontières, pourquoi les vies humaines sont-elles laissées à la merci de la brutalité des frontières ? Si l’islam est une religion de miséricorde, où est sa compassion pour ceux dont le seul « crime » est d’avoir faim ? Si l’Iran est le pays de la culture et de la civilisation, pourquoi les migrants afghans ne connaissent-ils que l’humiliation et la souffrance ?
L’histoire et la conscience collective finiront par répondre à ces questions. La dignité humaine ne se mesure pas à l’aune des passeports ou des frontières, mais à la manière dont nous traitons les autres. Il est honteux qu’un peuple qui partage depuis des siècles la même langue, la même religion et le même voisinage soit chassé à coups de matraques et d’insultes.
L’ampleur de la crise : des statistiques choquantes
Selon les informations du HCR et de l’OIM, plus de 1,2 million de migrants afghans sont revenus d’Iran et du Pakistan depuis le début de l’année 2025. Plus de 366 000 ont été expulsés de force d’Iran seulement.
En juin 2025, plus de 256 000 personnes, y compris des familles en situation régulière, ont été contraintes de quitter l’Iran après la date limite fixée par le régime au 6 juillet.
Après les récentes escalades militaires, le taux de retour a dépassé les 30 000 par jour, un chiffre sans précédent qui reflète le changement soudain de la politique migratoire de l’Iran.
Ces chiffres ne sont pas le signe d’une gestion efficace des migrations, mais la conséquence des pressions politiques, sécuritaires et économiques exercées sur les migrants afghans.
Une crise connexe : le massacre sanglant à la frontière de Saravan
Il ne s’agit pas d’un problème isolé. Le bain de sang à la frontière de Saravan, où des réfugiés afghans ont été abattus, souligne l’approche brutale du régime.
Sécurité nationale ou punition collective ?
Le régime iranien prétend que ces expulsions sont motivées par des raisons de « sécurité nationale », invoquant des violations de la loi sur l’immigration ou des mesures anti-espionnage. Mais les preuves suggèrent le contraire :
- Les médias liés aux pasdarans, tels que Tasnim et IRNA, ont accusé les réfugiés d’être des espions ou des saboteurs, sans fournir aucune preuve.
- Les réfugiés et des sources indépendantes telles que l’IWPR font état de fouilles violentes, de saisies de téléphones, d’insultes et d’agressions physiques, soulignant davantage une humiliation systémique qu’une mesure de sécurité.
- Même des personnes disposant d’un visa ou d’un passeport en règle, comme un jeune homme de 19 ans originaire de Shiraz qui n’avait jamais vécu hors d’Iran, ont été expulsées de manière arbitraire.
Si la « sécurité » sert de prétexte à la discrimination ethnique, il ne s’agit plus d’une politique migratoire, mais d’un racisme d’État, d’autant plus amplifié par des campagnes médiatiques haineuses.
Souffrances humaines et traumatismes psychologiques
Les expulsions forcées ont laissé des traces profondes :
Les retours massifs concernent des enfants, des femmes enceintes et des personnes handicapées ; plus de 6 700 enfants non accompagnés et environ 80 000 mineurs ont été renvoyés rien qu’en mai 2025.
World Vision fait état d’une grave pénurie de nourriture, de logements et de soins médicaux parmi les rapatriés.
De nombreux migrants sont rentrés en Afghanistan avec pour seuls bagages les vêtements qu’ils portaient, sans argent, sans papiers et sans soutien, dans un pays ravagé par le régime taliban, les sanctions et la pauvreté.
Seuls 3 % des migrants sans papiers ont eu accès aux services de base (OIM).
Cette pression écrasante alimente les déplacements internes, aggrave la pauvreté et accroît les troubles sociaux en Afghanistan.
L’urgence de défendre les principes humains
Les accusations sans fondement d’espionnage et les étiquettes racistes constituent des attaques sans précédent contre les réfugiés afghans. L’institutionnalisation de la xénophobie ne mène qu’au chaos moral. Les migrants afghans ne constituent pas une menace pour la sécurité, ils sont les victimes de crises multiples : politiques défaillantes, droits humains ignorés et discrimination profondément enracinée.
Cette crise ne doit pas être ignorée. Elle exige une responsabilité morale et pratique urgente, au-delà de la rhétorique. Tant que la dignité humaine et la compassion ne seront pas devenues des priorités, ce cycle d’abus se poursuivra.


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