Intitulé « Pourquoi faut-il répéter les exécutions de 1988 », ce texte qualifie ces massacres d’ »expérience réussie » et incite à appliquer des mesures similaires contre les prisonniers politiques et les opposants d’aujourd’hui. Une telle rhétorique revient non seulement à justifier des crimes contre l’humanité, mais aussi à préparer psychologiquement et politiquement leur répétition.
La diffusion d’un tel message par un média officiellement lié à un organe répressif déjà sanctionné au niveau international pour ses graves violations des droits humains est un signal d’alerte majeur. Elle démontre l’intention persistante du régime de recourir à des méthodes extrêmes de répression.
Cet appel intervient dans un contexte de répression généralisée en Iran : arrestations arbitraires, peines lourdes, torture et isolement prolongé des prisonniers politiques, activistes et membres des minorités ethniques et religieuses. De nombreux éléments rappellent aujourd’hui les prémices du massacre de 1988 : absence de procès équitables, aveux forcés, détentions secrètes et usage systématique de la violence.
Le CSDHI rappelle que dans son rapport de 2024, le Pr Javaid Rehman, alors Rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en Iran, avait conclu que les exécutions de 1988 constituaient des crimes contre l’humanité (meurtres, extermination, persécutions, disparitions forcées). Il avait aussi évoqué des éléments de preuve indiquant une intention génocidaire et appelé à la mise en place d’un mécanisme international de justice.
L’éditorial de Fars constitue ainsi un acte d’incitation publique à la violence et devrait être perçu comme un avertissement : le régime pourrait chercher à légitimer une nouvelle vague d’exécutions de masse.
Nous appelons donc les instances compétentes des Nations Unies, notamment :
- Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH),
- La Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme en Iran, le Dr. Mai Sato,
- La Mission internationale indépendante d’établissement des faits sur l’Iran (FFMI)
à agir de manière urgente, claire et décisive. Face à cette menace manifeste, le silence n’est plus une option.
Nous demandons :
– Une enquête immédiate et une condamnation publique de cet éditorial en tant qu’incitation aux crimes de masse, contraire au droit international.
– La création d’un mécanisme international d’enquête et de justice, sous l’égide du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, pour documenter, préserver les preuves et poursuivre les responsables des crimes passés et présents, y compris ceux de 1988.
– La protection renforcée des survivants, familles de victimes et défenseurs des droits humains, qui font face à des représailles constantes en Iran et dans la diaspora.
– L’intégration dans la résolution 2025 de l’Assemblée générale de l’ONU d’une référence explicite aux menaces contenues dans cet éditorial et au massacre de 1988, pour mettre fin à l’impunité.
Le massacre de 1988 reste une plaie béante dans la mémoire collective du peuple iranien. Les familles n’ont toujours pas obtenu vérité et justice, ni même d’information sur les lieux de sépulture de leurs proches. Comme l’a rappelé le professeur Rehman, le refus persistant des autorités iraniennes de révéler le sort des victimes constitue en soi une disparition forcée et un crime contre l’humanité.
Le CSDHI réaffirme son soutien aux familles des victimes et aux survivants, qui depuis plus de trois décennies luttent pour la vérité et la justice. Nous exhortons la communauté internationale à défendre les principes de vérité, de responsabilité et de dignité humaine.
Le peuple iranien mérite justice.
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