mardi 23 septembre 2025

Des manifestations à grande échelle secouent l’Iran : retraités et travailleurs dénoncent la corruption et les arriérés de salaires

 Une puissante vague de manifestations coordonnées a secoué l’Iran lundi 22 septembre 2025, révélant la colère grandissante d’un peuple face à la corruption systémique et à l’ineptie économique du régime clérical. Des employés des télécommunications à la retraite aux ouvriers de l’industrie sidérurgique, en passant par les médecins et les propriétaires victimes d’escroquerie, des Iraniens de dizaines de villes sont descendus dans la rue pour exprimer leur mécontentement. Leur colère s’adressait non seulement au gouvernement de Masoud Pezeshkian, mais aussi aux institutions liées aux Gardiens de la Révolution, au cœur du système répressif de l’État.

Ces événements témoignent d’une société au bord de la rupture, où des années de promesses non tenues et de pillages institutionnels ont engendré un mécontentement généralisé.

Le soulèvement des retraités confronte directement les Gardiens de la Révolution et l’empire financier de Khamenei
Les manifestations les plus importantes ont été menées par les retraités de la compagnie iranienne des télécommunications (TCI), qui ont organisé des protestations simultanées dans plusieurs provinces, notamment Téhéran, Khouzestan (sud-ouest), Kermanchah (ouest), Hamedan (nord), Kurdistan (nord-ouest), Fars (sud) et Ispahan (centre). Leur message commun dénonçait directement les entités les plus puissantes et corrompues du régime.

Les manifestants ont explicitement pointé du doigt la Fondation coopérative des Gardiens de la Révolution (Bonyad Taavon Sepah) et l’Organisation pour l’exécution des ordres de Khomeini (EIKO) – un immense conglomérat financier sous le contrôle direct du Guide suprême – comme les principaux responsables de la violation de leurs droits et du non-paiement de leurs pensions.

Dans la province de Fars (sud), les slogans des retraités révélaient une perte totale de confiance dans le théâtre politique du régime : « Ni le parlement, ni le gouvernement ne se soucient du peuple ! » À Téhéran, leur frustration était palpable : « Nous n’avons pas vu de justice, nous n’avons entendu que des mensonges. » La coordination de ces manifestations témoigne d’un mouvement national qui dépasse les simples revendications économiques pour se heurter directement aux institutions responsables de leurs souffrances.

Le monde du travail en ébullition : les promesses non tenues alimentent la colère des travailleurs

Simultanément, les régions industrielles d’Iran ont été secouées par de nouvelles grèves. À Ahvaz (sud-ouest), les employés du Groupe industriel iranien de l’acier ont de nouveau manifesté. Leur mouvement de protestation a repris après une courte interruption de quatre jours, suite à de nouvelles promesses non tenues par la direction de l’entreprise, les autorités provinciales et la Banque Melli (Banque nationale) concernant le paiement de leurs salaires impayés depuis des mois. Les travailleurs ont promis de poursuivre leurs manifestations jusqu’à satisfaction de leurs revendications.

Ce schéma de tromperie systématique, qui alimente la colère populaire, s’est également manifesté dans la province de Khouzestan, où des enseignants de maternelle se sont rassemblés devant le ministère de l’Éducation pour protester contre le non-paiement de leurs salaires, illustrant ainsi l’incapacité du régime à assurer le bien-être de ses propres fonctionnaires.

Une société en crise économique

Ces manifestations ont mis en évidence comment la mauvaise gestion du régime a porté chaque segment de la société au bord du gouffre. Dans la ville frontalière de Mirjaveh (sud-est), des dizaines de résidents ont protesté contre la fermeture prolongée du poste-frontière de Rotak, qui a détruit leur principale source de revenus – le transport de carburant – et les a plongés dans la misère. Un manifestant a déploré que, avec la rentrée scolaire, les familles n’aient plus les moyens de fournir le matériel scolaire de base à leurs enfants.

À Parand, près de Téhéran, des victimes d’un programme de logements sociaux ont protesté contre les retards et les violations de contrat. Un manifestant a résumé le sentiment général : « Le programme national de logements n’avait pour seul but que de vider les poches des gens, et non de loger les pauvres. »

Les manifestations ont touché tous les aspects de la vie urbaine. À Mashhad (est), des chauffeurs de taxi ont protesté contre l’inaction des autorités face à la crise du transport scolaire, tandis que dans la province de Mazandaran (nord), même les médecins de famille ont protesté contre les agissements de l’organisme de sécurité sociale du régime.

Les événements du 22 septembre n’étaient pas de simples manifestations isolées, mais un rejet coordonné et national d’un système corrompu et en faillite. Le peuple iranien ne proteste plus seulement contre la crise économique ; il pointe du doigt les institutions responsables de ses souffrances, des Gardiens de la Révolution à l’empire financier personnel de Khamenei.

Les slogans et les cibles de ces manifestations révèlent une population qui a définitivement perdu espoir en la capacité de réforme du régime. Face à cette colère populaire de plus en plus organisée et déterminée, il devient évident que le peuple iranien réclame non pas de simples concessions, mais un changement fondamental et le rétablissement de sa souveraineté.

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