Cette mobilisation désespérée n’est pas un cas isolé mais le symptôme d’une crise nationale alimentée par la corruption systémique et le pillage économique du régime théocratique. Tandis que les travailleurs organisés résistent, des actes tragiques de désespoir individuel, comme l’immolation récente d’un jeune homme à Shadegan (sud-ouest), dressent le portrait d’un pays au bord de la rupture.
Arak, symbole d’une résistance inébranlable
Les ouvriers de l’usine d’aluminium d’Arak réclament leurs droits les plus élémentaires : le paiement de salaires en retard et des conditions de travail décentes. Fait exceptionnel, leur grève n’est pas un arrêt de production: malgré la faim qui les affaiblit, ils continuent de faire tourner les chaînes. Selon des témoignages, certains sont si affaiblis qu’ils peinent à tenir debout, mais restent à leur poste – preuve de leur engagement et accusation directe contre la négligence des autorités.
L’un d’eux s’indigne : « Nous devons aller à l’hôpital le ventre vide! Les ouvriers donnent leur vie, mais la direction ne répond pas. »
La réaction du régime mêle mépris et intimidation. Plutôt que de répondre aux revendications légitimes, la direction a proposé un « bon d’achat » sans valeur , une provocation qui n’a fait qu’attiser la colère. Les exigences vont désormais au-delà des compensations économiques : les ouvriers réclament la révocation du chef de la sécurité de l’usine, qu’ils considèrent comme un agent du régime. La lutte s’est transformée d’un conflit social en une confrontation directe avec l’appareil répressif de l’État.
Une contestation qui s’étend
Le courage des travailleurs d’Arak inspire. Leur grève s’inscrit dans une « vague croissante de protestations ouvrières », avec des rassemblements similaires à Bandar Abbas, port stratégique (sud-ouest), et à Aghajari, ville pétrolière (sud-ouest). Le feu de la contestation gagne aussi les zones rurales. À Varzaqan, en Azerbaïdjan oriental (nord-ouest), des villageois démunis ont bloqué la route de la mine d’or d’Andirgan pour dénoncer les destructions environnementales causées par des mafias liées au régime. Selon eux, le pillage des ressources locales ravage l’agriculture et décime le bétail, les laissant dans « la pauvreté et la ruine », tandis qu’une élite corrompue s’enrichit.
Cette résistance collective, ouvrière et paysanne, trouve son écho dans des gestes individuels de désespoir. Le 7 septembre, Mohammad Shavardi, 26 ans, est mort de ses brûlures après s’être immolé devant la préfecture de Shadegan (sud-ouest) le 30 août. Son geste était un ultime cri contre la pression économique écrasante et l’absence de perspectives qui marquent le quotidien de millions de jeunes Iraniens. Sa mort illustre les mêmes « politiques de pillage et d’oppression » qui poussent les ouvriers d’Arak au bord de la famine. Ensemble, la grève de masse à Arak, la révolte communautaire de Varzaqan et l’immolation de Shadegan composent un signal clair : le peuple iranien a atteint sa limite.
La réponse d’un régime en faillite: répression et propagande
Face à cette crise grandissante, le régime recourt à ses vieilles recettes : menaces et désinformation. À Arak, ses agents cherchent à instaurer un « climat de peur » en proférant des menaces pour briser la grève. Parallèlement, les médias d’État, comme l’agence ILNA, tentent de minimiser le mouvement, le réduisant à un simple problème de « mauvaise gestion » ou aux « effets négatifs des politiques de privatisation ». Une rhétorique qui occulte volontairement la colère politique des travailleurs et la corruption structurelle à l’origine de la crise.
De même, la mort de Shavardi a bien été confirmée, mais cyniquement attribuée à de simples « difficultés professionnelles », effaçant toute dimension politique de son geste désespéré. Ces manipulations révèlent un régime incapable d’affronter la souffrance de sa population.
Une nation au bord de l’explosion
Désormais, les regards des laissés-pour-compte iraniens se tournent vers Arak. Les ouvriers de l’aluminium incarnent un symbole national de résilience et envoient un message clair : « Nous luttons pour une vie digne. » Les événements d’Arak, Shadegan et Varzaqan ne sont pas de simples étincelles isolées ; ils annoncent les secousses d’un soulèvement national en gestation, nourri par des décennies d’injustice et une soif irrépressible de changement. Le peuple iranien montre qu’il est prêt à payer le prix ultime, jusqu’au sacrifice de sa vie, pour reconquérir ses droits et sa nation confisquée.
Source : CNRI

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