vendredi 12 septembre 2025

Rentrée scolaire en Iran : l’éducation devient un privilège, non un droit

 A l’heure de la rentrée scolaire, l’explosion des frais de scolarité, la hausse du coût des fournitures et les « dons » obligatoires transforment l’éducation en luxe, poussant des centaines de milliers d’enfants hors du système scolaire.

De l’enthousiasme à l’angoisse

Moins de deux semaines avant la rentrée scolaire en Iran, l’excitation habituellement associée au retour à l’école a laissé place à l’angoisse et à la pression financière. Bien que la constitution du régime garantisse officiellement la gratuité de l’enseignement, les familles se retrouvent confrontées à des coûts bien supérieurs à leurs moyens.

Les frais des écoles privées ont explosé, atteignant parfois 200 à 300 millions de tomans par an. Même les écoles publiques, censées être gratuites, imposent désormais des frais obligatoires déguisés en « contributions », ne laissant aux parents que le choix de payer ou de renoncer à l’inscription. Dans les faits, de nombreux directeurs d’école affirment ouvertement que l’inscription ne sera pas finalisée tant que les sommes exigées ne seront pas réglées.

Le prix élevé de la « gratuité »

Selon les estimations, le coût minimum pour scolariser un enfant en 2025 avoisine les 10 millions de tomans — soit environ un mois de salaire pour un travailleur payé au salaire minimum. Cela inclut non seulement les frais de scolarité, mais aussi le transport, les uniformes et les fournitures scolaires. L’écart entre la promesse officielle d’une éducation gratuite et la réalité met en lumière l’aggravation des inégalités dans le pays.

Transport scolaire et inégalités régionales

Le transport représente un autre lourd fardeau. L’an dernier, le coût moyen du bus scolaire variait entre 20 et 25 millions de tomans. Cette année, les prix se situent entre 30 et 40 millions, certaines lignes coûtant encore plus cher. Bien que les autorités aient officiellement approuvé une augmentation de 36,8 %, les parents affirment que les tarifs réels dépassent largement ces plafonds.

Ces disparités sont particulièrement visibles à Téhéran : dans les quartiers nord, les frais de transport rivalisent avec les frais d’inscription eux-mêmes. Dans les quartiers plus pauvres du sud, les tarifs sont légèrement inférieurs mais restent écrasants par rapport aux revenus. De nombreuses familles renoncent donc au service de bus scolaire, laissant les enfants sans moyen fiable pour se rendre en classe.

La flambée des fournitures et dépenses quotidiennes

En plus des frais de scolarité et de transport, les familles doivent faire face à une forte hausse des fournitures de base, lors de la rentrée scolaire :

  • Uniformes : leur prix est passé de 750 000 tomans l’an dernier à 1,4 million cette année.

  • Cartables : entre 1,5 million pour les modèles les moins chers et 14 millions pour les marques haut de gamme.

  • Chaussures : de quelques millions pour les modèles de base à beaucoup plus pour les chaussures de qualité.

  • Papeterie : un kit de fournitures coûte désormais entre 3 et 4 millions de tomans. Même les articles les plus simples, comme un paquet de crayons rouges (87 000 tomans) ou un cahier de 100 pages (68 000 tomans), deviennent inaccessibles pour de nombreuses familles.

À cela s’ajoute le coût des collations : un simple goûter (petit gâteau + boisson) coûte désormais entre 100 000 et 150 000 tomans par jour et par enfant, un poids non négligeable sur le budget familial.

L’éducation : un privilège de classe

Des observateurs soulignent que la scolarisation en Iran s’est transformée en privilège de classe. Les familles aisées peuvent envoyer leurs enfants dans des écoles privées et acheter des fournitures de luxe. Les ménages les plus modestes, eux, peinent à accéder au minimum nécessaire.

Cela entraîne une forte augmentation du nombre d’abandons scolaires — tendance même reconnue dans les statistiques officielles. Dans les régions défavorisées, les conséquences sont particulièrement graves : pour beaucoup de filles, l’arrêt de la scolarité conduit à un mariage précoce ; pour les garçons, à un travail mal payé qui perpétue le cycle de pauvreté.

Un système qui perpétue la pauvreté

L’article 30 de la constitution iranienne garantit l’éducation gratuite pour tous. Pourtant, dans les faits, le régime a non seulement renoncé à cette obligation, mais a aussi encouragé la marchandisation de l’enseignement.

Ce qui était autrefois un droit universel est devenu un privilège réservé aux plus riches. Résultat : un système éducatif qui reproduit les inégalités et compromet l’avenir d’une génération. En cette rentrée scolaire, pour de nombreux enfants iraniens, les salles de classe restent hors de portée — non par manque de volonté d’apprendre, mais en raison de la dure réalité économique imposée par le régime.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire