lundi 29 septembre 2025

Manifestations des prisonniers d’Evine et de Qarchak après la mort suspecte de Somayeh Rashidi

 Les prisonniers politiques de la prison d’Evine à Téhéran ont organisé une protestation en réaction à la mort de Somayeh Rashidi, prisonnière politique décédée, selon les témoignages, en raison d’un manque de soins médicaux adéquats à la prison de Qarchak.

La mobilisation a consisté à boycotter l’appel quotidien et à se rassembler dans la cour de la prison. Le jeudi 26 septembre 2025 au soir, les détenus sont restés dans la cour jusqu’à 21 h, scandant des slogans contre les autorités et qualifiant la mort de Rashidi de « crime organisé ».

Hommage à Somayeh Rashidi

Au cours de leur protestation, les prisonniers d’Evine ont entonné l’hymne Ey Iran ainsi que le chant de résistance Zadeh Sholeh Dar Chaman en hommage à la mémoire de Rashidi.

Ils ont également scandé :

  • « Par le sang de nos camarades, nous tiendrons jusqu’au bout »,

  • « Mort au dictateur », exprimant leur colère face à ce qu’ils considèrent comme une mort suspecte.

Des militants des droits humains ont relevé cet événement, qui s’inscrit dans une vague plus large de protestations de prisonniers politiques en Iran, relançant le débat sur les droits des détenus et la privation systémique de soins médicaux.

Dans un communiqué, les prisonniers ont souligné que la mort de Rashidi n’était pas un cas isolé, mais le résultat d’une négligence délibérée qui, depuis des années, met en danger la vie de centaines de détenus.

Les prisonnières de Qarchak ont également tenu un rassemblement et chanté pour commémorer leur codétenue.

Déclaration Intégrale des Prisonniers Politiques de la Prison d’Evine

« Nous, prisonniers politiques d’Evine, ne considérons pas la mort de Somayeh Rashidi comme un accident mais comme un crime organisé. Elle a été victime de privation de soins médicaux et de négligence délibérée, des pratiques qui menacent depuis longtemps la vie des détenus.

En signe de protestation, nous avons refusé de participer à l’appel quotidien, nous nous sommes rassemblés dans la cour et avons scandé des slogans pour faire vivre sa mémoire. Somayeh Rashidi est devenue un symbole de résistance et d’injustice, et nous nous engageons à la rappeler, elle et toutes les victimes de ce système oppressif. Cette voix ne sera pas réduite au silence. »

Contexte : Qui était Somayeh Rashidi ?

Somayeh Rashidi (Mehrabadi), née le 6 février 1984 à Téhéran, était ouvrière du textile. Elle avait été arrêtée lors des manifestations nationales déclenchées après la mort de Mahsa Amini et inculpée pour « atteinte à la sécurité nationale ». Elle avait été libérée sous condition en décembre 2024.

Selon le média officiel Mizan, affilié au pouvoir judiciaire iranien, Rashidi était accusée d’entretenir des liens avec l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran (OMPI) et d’avoir mené des « activités de sabotage », notamment des incendies de bases du Bassidj, après sa libération.

Rashidi souffrait d’épilepsie, une maladie qui s’est aggravée pendant son incarcération. Elle avait auparavant été violemment battue par des agents de sécurité : sa tête avait été frappée contre un mur, elle avait été plaquée au sol – des violences pour lesquelles elle avait porté plainte, sans qu’aucune enquête ne soit ouverte.

Chronologie des Événements Ayant Conduit à sa Mort

  • 23 avril 2025 : Arrestation de Rashidi alors qu’elle écrivait des slogans antigouvernementaux dans le quartier de Javadieh à Téhéran. Elle est accusée de « propagande contre l’État » et « atteinte à la sécurité nationale ». Des rapports indiquent qu’elle a été sévèrement battue, subissant des blessures à la tête, au visage, aux jambes et à l’abdomen.

  • 25 avril 2025 : Après deux jours d’interrogatoire au centre de détention du 15 Khordad, elle est transférée à la section féminine de la prison d’Evine.

  • Mi-2025 : À la suite d’une attaque israélienne contre la prison d’Evin pendant le conflit de 12 jours, Rashidi et plusieurs autres détenues sont transférées à la prison de Qarchak, connue pour ses conditions sanitaires et médicales extrêmement précaires.

  • Août–septembre 2025 : Rashidi se rend à plusieurs reprises à l’infirmerie de la prison pour signaler de graves maux de tête et des crises d’épilepsie. Le personnel médical aurait refusé de la transférer à l’hôpital, qualifiant son état de simulation.

  • 14 septembre 2025 : Rashidi tombe dans le coma et est transférée à l’hôpital Mofatteh de Varamin. Son score de conscience est évalué à 5 (échelle de Glasgow), les médecins se montrant très pessimistes quant à son rétablissement.

  • 26 septembre 2025 : Rashidi décède à l’hôpital Mofatteh de Varamin.

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