samedi 13 septembre 2025

L’économie iranienne sous le régime clérical : les défaillances de la banque centrale aggravent la crise

 Depuis l’instauration du régime, l’économie iranienne est en proie à une inflation galopante et à l’érosion de sa monnaie nationale. Ce qui aurait dû être la principale responsabilité de la Banque centrale – protéger la stabilité monétaire – est devenu le symbole flagrant d’une défaillance systémique. Comparé à ses pairs régionaux qui ont réussi à maîtriser l’inflation, l’Iran sous le régime clérical a sombré dans des cycles de crise répétés.

Le mandat difficile de Mohammadreza Farzin
Lorsque Mohammadreza Farzin a remplacé Ali Salehabadi à la tête de la Banque centrale iranienne en janvier 2023, les analystes du régime ont laissé entendre qu’il allait rétablir le calme sur le marché des changes. Or, sa politique d’injection de devises sur le marché n’a pas réussi à assurer une stabilité durable. Le toman s’est effondré, passant d’environ 44 000 à plus de 72 000 pour un dollar, frôlant parfois les 100 000. Cette chute libre a intensifié l’inflation et dévasté le pouvoir d’achat public.

L’inflation a atteint des niveaux sans précédent sous la direction de Farzin. Les chiffres officiels situent l’inflation annuelle à 47,6 % et l’inflation ponctuelle à 55,5 % début 2023, bien que des estimations indépendantes la situent à plus de 60 %. L’ancien gouverneur de la Banque centrale du régime, Abdolnaser Hemmati, a critiqué la hausse de 43 % de la planche à billets en 2022, la qualifiant de principale cause de l’effondrement monétaire et de l’inflation.

L’impact de l’inflation sur la vie quotidienne
Les conséquences ont été dévastatrices pour les citoyens ordinaires. Un million de tomans début 2023 ne vaut aujourd’hui guère plus de 380 000 tomans, soit une perte de pouvoir d’achat de plus de 60 %. Comme l’a observé John Maynard Keynes, l’inflation agit comme une confiscation cachée des richesses, et en Iran, elle s’est accompagnée d’une croissance monétaire explosive. Les liquidités sont passées de 6 337 000 milliards de tomans en janvier 2023 à près de 10 000 000 milliards en mars 2025, soit une augmentation de 58 %. Cela signifie que le régime imprimait effectivement 4 800 milliards de tomans supplémentaires chaque jour.

Le régime vante la croissance économique comme une preuve de succès, mais les chiffres officiels de croissance – environ 4 % – découlent en grande partie des ventes de pétrole à prix réduit à la Chine, et non d’une productivité réelle. Parallèlement, l’inflation a neutralisé tout effet positif, entraînant une baisse réelle du niveau de vie. La promesse de « justice sociale », également inscrite dans la loi, a été bafouée, les inégalités se creusant sous le régime clérical.

Une Banque centrale politisée
Le bilan de Farzin est également marqué par des manœuvres politiques. Malgré l’interdiction formelle de nouvelles nominations lors de la transition vers le nouveau gouvernement en 2024, il a procédé à plus de 15 nominations, dont beaucoup étaient liées à des factions politiques telles que les alliés de Saïd Jalili. Ces décisions de dernière minute soulignent la politisation de la Banque centrale, servant les intérêts des factions plutôt que la stabilité nationale.

Même ses explications de l’effondrement du rial – accusant les réseaux sociaux – mettent en évidence la perte de crédibilité et de contrôle du régime.

Un échec systémique sous le régime clérical
Les échecs de la Banque centrale ne sont pas des erreurs isolées, mais le résultat direct de la gouvernance sous le régime des mollahs. L’inflation continue de miner les moyens de subsistance, le rial est en chute libre et la confiance dans les institutions publiques s’est effondrée. Selon ses détracteurs, la Banque centrale a totalement perdu sa mission: elle n’a ni préservé la valeur de la monnaie nationale ni maîtrisé l’inflation.

Les souffrances économiques endurées par le peuple iranien ne sont pas seulement le résultat d’une mauvaise gestion technique, mais d’un système politique qui donne la priorité à la survie du régime plutôt qu’au bien-être de ses citoyens.

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