Un hommage qui dénonce l’injustice
Le 16 septembre 2025, Mai Sato, Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits humains en Iran, a marqué le troisième anniversaire de la mort de Mahsa Amini par une déclaration percutante dénonçant la répression continue des femmes, des minorités et des dissidents sous le régime iranien.
Sato a rendu hommage à Amini, la jeune Kurde de 22 ans dont la mort en détention avait déclenché un soulèvement national en 2022.
« Aujourd’hui, nous nous souvenons de Jina Mahsa Amini, la jeune Kurde iranienne dont la mort, il y a trois ans, et le courage ont touché des millions de personnes et inspiré un mouvement pour les droits et la liberté des femmes », a-t-elle déclaré. « Comme l’a gravé sa famille sur sa tombe, son nom est devenu un symbole. »
Trois ans plus tard, la répression perdure
Malgré l’indignation internationale depuis 2022, Sato a averti que peu de choses avaient changé.
« Après trois ans, de nombreuses questions restent sans réponse concernant les droits des femmes en Iran, et il reste un immense travail pour améliorer la situation », a-t-elle déclaré, en soulignant que les lois et pratiques discriminatoires continuent de régir la vie des femmes et des filles.
Elle a notamment cité la récente loi sur la « Protection de la famille par la promotion de la culture de la chasteté et du hijab », encore inappliquée, révélant des divisions internes au régime. Néanmoins, les lois imposant le port obligatoire du voile restent en vigueur et sanctionnées par le code pénal.
Pour Sato, la discrimination ne se limite pas aux codes vestimentaires : les femmes sont systématiquement désavantagées dans l’accès aux soins de santé, au mariage, à l’héritage, aux voyages et dans bien d’autres aspects de leur vie. Parallèlement, les exécutions se poursuivent, y compris celles d’hommes arrêtés lors des manifestations de 2022.
« Les droits des Iraniennes et de leurs alliés doivent rester au cœur de notre vigilance et de notre action », a-t-elle insisté.
Son rapport choc devant le Conseil des droits humains
Cette déclaration s’inscrit dans la continuité de son premier rapport officiel présenté au Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève le 18 mars 2025, qui documentait un tableau alarmant des violations des droits humains en Iran.
Le rapport soulignait l’explosion du nombre d’exécutions : plus de 900 cas recensés en 2024, faisant de l’Iran le pays ayant le plus haut taux d’exécutions par habitant. La moitié de ces exécutions étaient liées à des affaires de drogue, les autres à des accusations vagues de sécurité nationale.
« L’absence de données officielles et les discriminations documentées dans le système judiciaire soulèvent de graves préoccupations », avait averti Sato. Elle a insisté sur le fait que les militantes et les minorités ethniques sont particulièrement visées.
Le rapport a également recensé 179 cas de féminicides en 2024 et fustigé un cadre légal qui traite les « crimes d’honneur » avec indulgence.
« Le système juridique iranien crée une hiérarchie dangereuse qui légitime la violence mortelle contre les femmes », a-t-elle dénoncé.
Sato a aussi révélé une répression généralisée de la liberté d’expression et d’association : détentions de syndicalistes, d’artistes, de journalistes et de défenseurs des droits humains, créant un climat de peur dans toute la société.
Des avancées limitées, un appel au dialogue
Si elle a reconnu des progrès dans le domaine de l’éducation, Sato a souligné que ces acquis n’avaient pas permis une véritable autonomisation économique ou politique des femmes. L’Iran se classe 121ᵉ sur 193 dans l’indice d’inégalité de genre du PNUD — le plus bas parmi les pays à haut développement humain.
La Rapporteuse spéciale a conclu son rapport de mars comme sa déclaration de septembre en réitérant son appel au dialogue avec les autorités iraniennes, se disant prête à se rendre sur place.
Une conclusion sans appel
Son message reste clair : malgré l’attention internationale et la résistance du peuple iranien, les abus systématiques contre les femmes, les minorités et les dissidents continuent de façonner le paysage des droits humains en Iran.

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