mardi 9 septembre 2025

Journée mondiale de la prévention du suicide : +10 % de décès chaque année en Iran

 À l’occasion de la Journée mondiale de la prévention du suicide, il est nécessaire d’aborder l’une des crises cachées et négligées de la société iranienne : le suicide des femmes et des jeunes filles.

Selon Hamid Yaghoubi, président de l’Association pour la prévention du suicide, au cours des quatre dernières années, les décès par suicide en Iran ont augmenté de 10 % chaque année. En 2011, le taux était de 7,4 ; il est passé à 8,1 en 2022 et a atteint 8,9 en 2023. Soulignant que le taux est encore plus élevé en 2024, il a déclaré qu’il devrait probablement atteindre 9,7 en 2024.

Hamid Yaghoubi a reconnu que l’Iran avait déclaré au monde un taux de suicide de 4,3 %, ce qui plaçait le pays au rang 160 sur 160 pays.

Cet expert gouvernemental a déclaré : « Pour obtenir le nombre relatif de tentatives de suicide, il faut multiplier le nombre de suicides réels par 20. Si ce chiffre final est à nouveau multiplié par 20, on peut atteindre le taux relatif des pensées suicidaires. Sur cette base, en Iran, il y a chaque année 152 060 tentatives de suicide et plus de 3 041 000 cas de pensées suicidaires. » (Ham Mihan – 19 février 2025)

D’après ce calcul, le nombre de suicides en 2024 s’élève à 7 603 personnes.

Hamid Yaghoubi, en soulignant que « le nombre de décès par suicide en 2022 dépassait 6 900 », a ajouté : « Selon la répartition professionnelle en Iran, 32 % des suicides concernent la classe ouvrière. »

Il a ajouté : « Jusqu’en 2022, les statistiques sur le suicide en Iran étaient publiées par l’Organisation de médecine légale et le ministère de la Santé, mais elles ont cessé après cette date. » (Ham Mihan – 19 février 2025)

Le journal Etemad avait également rapporté plus tôt que, selon les statistiques officielles, le suicide en Iran en 2022 avait augmenté d’environ 51 % par rapport à 2016. (Etemad – 20 janvier 2025)

Les chiffres récemment annoncés contredisent les données publiées exactement quatre ans plus tôt.

Habibollah Massoudi Farid, adjoint aux affaires sociales de l’Organisation du bien-être, avait annoncé en 2021 que 41 000 personnes mouraient chaque année de suicide en Iran. Il avait ajouté : « Beaucoup peuvent se rendre à l’hôpital pour des tentatives de suicide, mais elles ne sont pas du tout enregistrées. » (site officiel khabaronline.ir – 21 juillet 2021)

Doublement des décès par suicide chez les femmes

Amirhossein Jalali Nadoshan, porte-parole de l’Association iranienne de psychiatrie, a déclaré : « Le récent rapport du président de l’Association pour la prévention du suicide montre que les décès par suicide chez les femmes ont doublé ces dernières années. Dans le monde, les tentatives de suicide sont généralement plus fréquentes chez les femmes, mais les taux de décès sont plus bas. Mais en Iran, nous avons constaté une augmentation des décès chez les femmes, ce qui est très préoccupant. » (Eghtesad News – 24 juillet 2025)

Le suicide chez les jeunes âgés de 15 à 29 ans a également été identifié comme la troisième cause de décès en Iran.

Le taux de mortalité par suicide (nombre de décès par suicide pour 100 000 habitants) est passé d’environ 0,6 pour 100 000 à environ 0,9, voire davantage aujourd’hui. (Eghtesad News – 24 juillet 2025)

Causes du suicide chez les femmes et les jeunes filles

Les causes du suicide chez les femmes et les jeunes filles iraniennes sont diverses et complexes. Parmi les plus importantes figurent :

  • Mariage forcé et pressions familiales
  • Violence domestique et abus psychologiques
  • Problèmes économiques et sociaux

La part des femmes au foyer dans les tentatives de suicide

Un autre groupe de femmes particulièrement touché par le suicide est celui des femmes au foyer. Hamid Yaghoubi, président de l’Association pour la prévention du suicide, a annoncé qu’en 2022, les femmes au foyer représentaient 32,8 % des tentatives de suicide, se plaçant au premier rang. Malheureusement, comme mentionné précédemment, après 2022 aucune statistique sur le suicide n’a plus été publiée en Iran. (Ham Mihan – 19 février 2025)

Le suicide parmi les infirmières et le personnel de santé

Ces dernières années, le suicide parmi les infirmières et le personnel soignant en Iran est devenu une crise sérieuse. Selon des rapports, neuf internes en médecine se sont suicidés en quatre mois, entre le 21 mars et le 21 juin 2024. En 2025, le suicide chez les internes en médecine a été signalé comme six fois plus élevé que dans la population générale. (Shargh – 17 mai 2025)

Le 3 mai 2025, Rouydad24 a rapporté qu’en avril de la même année, six membres du personnel soignant, dont cinq résidents et une infirmière, avaient perdu la vie par suicide. Parmi les résidents, qui sont 14 000 dans tout le pays, on enregistre en moyenne 13 suicides mortels par an. En 2023, ce chiffre est monté à 16.

Masoud Habibi, vice-ministre de la culture et des affaires étudiantes au ministère de la Santé, a annoncé que 1 046 étudiants et résidents en médecine avaient déclaré avoir des pensées suicidaires. (Etemad – 25 mai 2025)

Chez les infirmières, les statistiques de suicide sont également alarmantes. Mohammad Sharifi Moghadam, secrétaire général de la Maison des infirmières, a déclaré que le taux de suicide chez les infirmières était bien plus élevé que chez les médecins, mais que, compte tenu de la sensibilité du sujet, ces chiffres ne pouvaient pas être publiés. (Asriran – 23 juillet 2024)

Parmi les principaux facteurs à l’origine de l’augmentation des suicides chez le personnel soignant figurent la pression professionnelle, les longues gardes, le manque de soutien psychologique et les mauvaises conditions de travail. Ces facteurs entraînent un stress chronique et un sentiment de dévalorisation chez les infirmières et les médecins.

Exemples de suicides parmi les femmes et les jeunes filles

Suicide d’une femme cheffe de famille à la suite d’un licenciement

Le 2 août 2025, une femme baloutche nommée Khadijeh Dehqani s’est suicidée et a perdu la vie après avoir été licenciée de son poste par les responsables de l’Université des sciences médicales d’Iranshahr à la demande du bureau de sécurité.

Khadijeh Dehqani était cheffe de famille et subvenait aux besoins de sa famille en travaillant dans les services privés de l’université.

Suicide tragique de Fatima Soleimani, 12 ans, suite à un mariage forcé
Suicide tragique de Fatima Soleimani, 12 ans, suite à un mariage forcé

Suicide dû au mariage forcé

  • Le 2 février 2025, une adolescente de 15 ans à Qorveh, forcée au mariage par son père deux mois plus tôt, s’est suicidée.
  • Le 4 mars 2025, Fatima Soleimani, une fillette de 12 ans, s’est suicidée à Harsin en raison de la pression d’un mariage forcé.
  • Le 4 juillet 2025, Ziba Pazireh, élève de terminale à Dishmok, province de Kohgiluyeh-et-Boyer Ahmad, s’est suicidée à la suite d’un conflit lié à un mariage. Ziba s’est donné la mort avec un fusil de chasse.

Journée mondiale de la prévention du suicide : +10 % de décès chaque année en Iran
De gauche à droite, Narges Mohammadpour, Zeinab Karimzadeh et Elham Jeldi

Suicide de médecins et d’étudiantes en médecine

  • Elham Jeldi, étudiante en médecine admise en 2016 à l’Université de Téhéran, a mis fin à ses jours le 23 août 2025. Spécialisée en gynécologie, elle s’était classée 84e au concours national d’entrée à l’université en 2016.
  • Narges Mohammadpour, interne en quatrième année de gynécologie à l’Université des sciences médicales de Tabriz, a mis fin à ses jours en raison de pressions économiques et de la lourde charge de travail pendant sa résidence de trois ans.
  • Zeinab Karimzadeh, doctorante en physique des plasmas à l’Université Beheshti, a mis fin à ses jours le 27 août 2025 en se jetant du 8e étage d’un dortoir universitaire. Cette étudiante talentueuse avait utilisé le plasma froid pour créer des nanocomposites avancés capables de transformer l’avenir du stockage et de la conversion de l’énergie.
  • Les étudiants en médecine figurent parmi les victimes silencieuses de l’effondrement du système de santé du régime clérical. Les suicides de médecins en Iran ne sont plus des événements rares, mais sont devenus une crise récurrente, chaque fois étouffée dans le silence par les responsables gouvernementaux. (Khabar Online – 8 avril 2025)

Des experts gouvernementaux reconnaissent la responsabilité du régime

Dans une interview sur l’augmentation des suicides en Iran, Amanullah Gharaee-Moghadam, sociologue et professeur d’université, a reconnu que l’une des principales causes du suicide dans la société iranienne est la méfiance de la population envers les responsables du gouvernement. Il a ajouté :

« L’environnement de la société actuelle est propice au suicide. Les raisons de la tristesse dans le pays sont innombrables – du code vestimentaire à la musique diffusée dans les médias. Nous n’avons pas seulement un ou deux problèmes ; nous avons le chômage, où 30 % des diplômés du pays n’ont pas de travail. Les gens ne travaillent pas dans leur domaine d’études. La société est privée de bonheur et d’espoir. »

Ailleurs, Gharaee s’est adressé aux autorités en déclarant :

« Ils disent : “Faites plus d’enfants !” Ils ont dit aux filles que leurs cheveux étaient visibles. Sont-elles devenues religieuses pour autant ? La structure en Iran est malade. Vous ne pouvez pas forcer la société à suivre des règles vieilles de 100 ans. Aujourd’hui, les jeunes voient, entendent et lisent. Ils observent le monde à travers leurs ordinateurs. »

Source : CNRI Femmes

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