Bizhan Kazemi, prisonnier politique en détresse
Jeudi 25 septembre 2025, la Société Iranienne des Droits Humains a rapporté que Bizhan Kazemi avait été transféré dans le quartier 7 de la prison d’Evine. Cette décision survient après huit mois de détention dans des centres du ministère du Renseignement, en dehors de tout cadre légal. Durant cette période, Bizhan Kazemi a subi torture physique et psychologique. Récemment, il a entamé une grève de la faim pour protester contre les violences des autorités. Son état physique et mental inquiète désormais gravement les défenseurs des droits humains, qui appellent à une intervention urgente.
Qui est Bizhan Kazemi et pourquoi a-t-il été arrêté ?
Bizhan Kazemi est un militant politique originaire de Kuhdasht, dans la province du Lorestan. Il a été arrêté le 19 janvier 2025, lors d’un raid des forces de sécurité à son domicile. Les agents ont saisi les appareils électroniques de toute la famille. D’abord placé au centre de détention du Renseignement à Khorramabad, il a ensuite été transféré sans inculpation au quartier 241 de la prison d’Evine, sous le contrôle de l’Unité de protection du pouvoir judiciaire. Plus tard, il a été déplacé au quartier 209, directement géré par le ministère du Renseignement.
Ces transferts ont été effectués sans en informer sa famille. Les autorités lui ont refusé l’accès à un avocat, une pratique visant à isoler les détenus pour leur arracher des aveux forcés. Après l’attaque de la prison d’Evine, Bizhan Kazemi a été transféré avec d’autres prisonniers à la prison du Grand Téhéran (Fashafouyeh), puis le 1er juillet 2025 dans une « maison sûre » du ministère à Qom. Lors d’un rare appel téléphonique, il a pu informer sa famille de cette localisation.
Les autorités continuent de lui interdire les visites, les appels réguliers et tout contact avec un avocat. Les procédures judiciaires restent opaques. Selon sa mère, Shahnaz Khosravi, des agents lui ont déclaré :
« Tant que Bizhan Kazemi ne coopère pas avec le ministère du Renseignement, aucun de ses droits légaux ne s’appliquera : ni avocat, ni appels réguliers. »
Huit mois de détention officieuse : une violation flagrante de la loi
Shahnaz Khosravi a dénoncé les conditions d’enfermement de son fils : au lieu d’une prison officielle sous la supervision de l’Organisation des prisons, il a été maintenu dans un centre du ministère du Renseignement à Qom, sans aucun contrôle judiciaire. Ce type de détention accroît considérablement les risques de torture et de mauvais traitements.
Cette détention viole également la loi iranienne, qui exige que les détenus soient placés dans des centres officiels proches de leur domicile ou du lieu présumé de l’infraction.
Solitude, torture et pressions psychologiques
Des témoignages confirment que Bizhan Kazemi a passé ces huit mois en isolement total, soumis à des interrogatoires incessants, des menaces et des privations de visite familiale. Son état de santé physique s’est gravement détérioré et les séquelles psychologiques sont profondes.
Pour dénoncer ces abus, il a entamé une grève de la faim le 18 septembre 2025, poursuivie pendant cinq jours. Dans ses brefs appels, il a affirmé que c’était son seul moyen de protester.
Violations graves des droits humains
L’affaire Bizhan Kazemi enfreint plusieurs engagements internationaux de l’Iran :
Article 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) : interdiction de la détention arbitraire.
Article 10 du PIDCP : obligation de traiter les détenus avec humanité — violée par les actes de torture et l’isolement prolongé.
Article 14 du PIDCP : droit à un procès équitable, incluant l’accès à un avocat.
Article 5 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : interdiction de la torture et des traitements cruels ou dégradants.
Ces violations ne sont pas isolées, mais s’inscrivent dans un système où les services de sécurité exploitent des centres non officiels pour contourner toute surveillance légale.
Appel urgent à l’action
Le transfert de Bizhan Kazemi à Evine ne signifie pas la fin de ses souffrances. Sa santé reste fragile et son avenir judiciaire demeure incertain. Les organisations de défense des droits humains et sa famille demandent :
Sa libération immédiate ou un procès équitable et transparent.
L’accès rapide à des soins médicaux appropriés.
La fin des détentions arbitraires et de l’utilisation de centres secrets de détention.
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