Des frais scolaires imposés malgré la gratuité garantie par la Constitution dans l’enseignement public
En dépit des garanties constitutionnelles de gratuité de l’enseignement, les parents doivent verser des pots-de-vin pour inscrire leurs enfants dans l’enseignement public, tandis qu’un système scolaire à deux vitesses accentue les inégalités.
Des parents contraints de payer pour une éducation « gratuite »
« Si vous voulez que nous inscrivions votre enfant, vous devez payer 9 millions de tomans parce que vous êtes hors secteur. »
« Ils m’ont dit que si j’étais dans le secteur, je devais payer 5 millions, mais si j’étais en dehors, 10 millions. »
« Il n’y a qu’une seule école publique dans tout le 6ᵉ arrondissement de Téhéran. On nous dit qu’il n’y a pas de place, puis on nous envoie vers une école privée – comme si tout le monde pouvait payer 150 millions de tomans par an. »
Ces témoignages de parents iraniens, relayés par les médias nationaux et les réseaux sociaux, révèlent l’ampleur de la pratique illégale consistant à exiger des frais pour l’inscription dans les écoles publiques. Dans certains cas, des familles ont dû payer jusqu’à 20 millions de tomans pour obtenir une place.
Des droits constitutionnels bafoués
L’article 30 de la Constitution iranienne stipule explicitement :
« Le gouvernement est tenu de fournir gratuitement des installations éducatives à l’ensemble de la nation jusqu’à la fin du secondaire et de développer l’enseignement supérieur gratuitement dans la mesure des capacités du pays. »
En pratique, l’enseignement public est loin d’être gratuit. Si les responsables de l’éducation et les parlementaires affirment publiquement que la perception de frais dans les écoles publiques est illégale, les familles continuent de subir ces demandes. Les autorités invitent les parents à signaler ces abus, mais la persistance de la pratique met en lumière le fossé entre le discours officiel et la réalité.
Un système éducatif à deux vitesses
Le système scolaire iranien fonctionne désormais sur un modèle profondément inégal et fondé sur la classe sociale. Les familles aisées inscrivent leurs enfants dans des établissements privés ou semi-publics bien dotés, tandis que les familles modestes doivent se contenter d’écoles publiques sous-financées, manquant de personnel, d’équipements et de qualité d’enseignement.
Cette dualité a entraîné un fossé marqué dans les résultats scolaires. Selon les derniers concours d’entrée à l’université, aucun élève issu d’une école publique ordinaire n’a figuré parmi les meilleurs. Sur les 29 premiers au niveau national, 22 venaient des établissements SAMPAD (écoles pour élèves surdoués), quatre d’écoles privées, et les autres d’instituts spécialisés soutenus par l’État.
Des millions d’enfants laissés de côté
Les statistiques officielles indiquent qu’environ un million d’enfants iraniens étaient déscolarisés durant l’année scolaire 2023–2024. Mais selon les données du recensement, le chiffre réel pourrait avoisiner quatre millions, principalement issus de familles pauvres vivant dans des régions défavorisées.
L’abandon scolaire ne résulte pas toujours uniquement de la pauvreté. Beaucoup d’élèves quittent l’école par frustration face à la médiocrité de l’enseignement public, préférant travailler dans des emplois précaires pour subvenir aux besoins de leur famille.
La justice éducative, un principe oublié
L’éducation est censée être un grand égalisateur : l’institution qui réduit les inégalités et assure l’égalité des chances. Le droit international, notamment la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, reconnaît l’accès gratuit à l’éducation comme un droit fondamental.
Or, en Iran, ce droit a été confisqué. Le manquement du régime à son obligation constitutionnelle a institutionnalisé les divisions sociales, privant des millions d’enfants d’un enseignement de qualité.
Le résultat est une société où les perspectives d’avenir ne dépendent plus du mérite ni de l’effort, mais de la richesse et de la proximité avec les ressources. À mesure que disparaît la justice éducative, c’est la justice sociale elle-même qui s’effondre, creusant les inégalités et hypothéquant l’avenir d’une génération entière.


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