Alors que l’Iran est confronté à un nouvel été caniculaire en 2025, les défaillances des infrastructures du pays sont passées du simple désagrément à une source de souffrance publique aiguë et de panique politique au plus haut niveau. Lors de récentes sessions parlementaires et déclarations officielles, des dignitaires du régime ont ouvertement admis des décennies de mauvaise gestion qui ont poussé les réseaux d’eau et d’électricité du pays au bord de l’effondrement, suscitant au sein du pouvoir la crainte de troubles sociaux imminents.
Alors que les responsables tentent de rejeter la faute sur la sécheresse, leurs propres témoignages révèlent une histoire de corruption profondément ancrée, de négligence stratégique et d’incompétence financière qui a privé des millions d’Iraniens d’un accès fiable à l’eau et à l’électricité.
Une crise humanitaire
La réalité quotidienne des Iraniens ordinaires, en particulier en dehors de la capitale, est de plus en plus dramatique. Dans la province du Sistan-et-Baloutchistan (sud-est), où les températures ont dépassé les 50 degrés Celsius, les habitants subissent de graves coupures de courant lors des pics de chaleur. Farhad Shahraki, député du régime, a décrit la situation avec force lors d’une séance le 2 septembre 2025. Il a qualifié de « crime » et de « violation flagrante des droits fondamentaux des citoyens » le fait de couper l’électricité lors de tempêtes de sable dépassant les 100 kilomètres par heure. Il a averti que la « discrimination structurelle » alimentait le mécontentement social et les migrations.
La crise touche directement le système de santé. Le journal Jahan Sanat a récemment rapporté que les fréquentes coupures de courant constituent une menace directe pour la vie des patients. Les équipements hospitaliers, des appareils de réanimation des unités de soins intensifs aux équipements des blocs opératoires, dépendent étroitement d’une alimentation électrique stable. Même lorsque des générateurs de secours sont disponibles, le retard potentiel de leur activation en cas d’urgence peut avoir des conséquences catastrophiques.
Dans tout le pays, les secteurs essentiels sont paralysés. Les agriculteurs signalent des coupures de courant aux puits d’irrigation pouvant aller jusqu’à cinq heures par jour. Dans les grands centres urbains, notamment à Téhéran, Ispahan et Hormozgan, de graves « stress hydrique » et des coupures d’eau prolongées sont devenues monnaie courante, perturbant la vie quotidienne et le commerce. Comme l’a souligné un parlementaire, Ismail Hosseini, ces coupures créent un « mécontentement social » et constituent une « grave menace pour la pérennité des entreprises économiques ».
Aveux de défaillance systémique et de corruption
Lors de débats internes houleux, les responsables du régime ont renoncé aux excuses et pointé du doigt la corruption systémique. Le ministre de l’Énergie, Abbas Ali-Abadi, convoqué devant le Parlement le 2 septembre, a admis que plus de 15 000 mégawatts de la capacité des centrales électriques du pays étaient « épuisés » et avaient effectivement perdu leur durée de vie utile. Dans un aveu stupéfiant de négligence à long terme, Ali-Abadi a confirmé que, pendant toute la durée du Sixième Plan de développement, « aucun contrat d’achat garanti pour la construction de nouvelles centrales n’a été signé ».
Selon le ministre, la cause profonde n’est pas environnementale, mais économique : un grave « déséquilibre financier » qui empêche le gouvernement de payer les entrepreneurs et les investisseurs pour l’entretien ou la construction des infrastructures.
Ce constat de dysfonctionnement a été repris par Mohammad Jafar Ghaem Panah, directeur exécutif adjoint du président du régime, Masoud Pezeshkian. Dans une interview accordée aux médias d’État le 31 août 2025, Ghaem Panah a reconnu que la crise était l’aboutissement de « plus de 40 ans » de mauvaise gestion. Il a cité comme exemple l’expansion incontrôlée de la ville de Téhéran « sans se soucier de son approvisionnement en eau ». Panah a également lié la crise aux difficultés économiques chroniques du régime, affirmant que l’inflation trouve son origine dans un déficit budgétaire massif causé par un « gouvernement trop nombreux et peu efficace », où « environ 80 % du budget public du pays est consacré aux dépenses publiques ».
De plus, des indices de corruption à haut niveau ont émergé au Parlement lorsque le député Abbas Bigdeli a exigé de savoir pourquoi le ministère de l’Énergie refuse de sévir contre les opérations illégales de minage de cryptomonnaies à grande échelle, qui détournent d’importantes quantités d’électricité. Bigdeli a souligné avec acuité l’inaction du régime face aux opérateurs « dont les liens avec eux sont incertains », laissant entendre qu’il bénéficie de la protection de puissantes factions au sein du régime.
Peur de l’insurrection et recours à la répression
La principale préoccupation du régime n’est pas de résoudre la crise, mais de contenir la colère publique qu’elle suscite. Le débat parlementaire du 2 septembre est devenu si chaotique, avec des députés qui s’interpellaient, que le président du parlement, Mohammad Bagher Ghalibaf, a été contraint de décréter le huis clos. Les députés ont explicitement averti que la situation menaçait la « sécurité nationale » et « suscitait la colère de la population ».
La stratégie du régime pour gérer cette catastrophe auto-infligée reste ancrée dans la répression, et non dans la résolution. L’adjoint du président Pezeshkian, Ghaem Panah, a fait cette déclaration.

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