Un témoignage d’une intensité rare
Dans cet entretien avec Le Parisien, Azadeh Alemi raconte les horreurs qu’elle a vécues à un très jeune âge dans les couloirs sombres d’Evin, une prison synonyme de répression brutale en Iran. « La nuit, ils arrachaient ma mère de mes bras », confie-t-elle, décrivant les moments déchirants où les gardiens séparaient violemment les enfants de leurs parents pour des interrogatoires. Ces souvenirs, marqués par la peur et l’injustice, restent gravés dans sa mémoire quarante ans plus tard.
Arrêtée à l’âge de trois ans avec sa grand-mère, puis rejointe par sa mère, Azadeh Alemi a grandi dans un environnement où la liberté n’existait que de l’autre côté des barreaux. Elle évoque une cellule exiguë, des murs en béton, et des nuits hantées par l’angoisse de voir sa mère emmenée pour des interrogatoires. « J’avais peur de tout ce qui était en dehors de ses bras », raconte-t-elle, soulignant l’impact psychologique durable de ces expériences sur les enfants des prisonniers politiques.
Un appel à la mémoire et à la justice
Azadeh Alemi ne se contente pas de partager son histoire personnelle ; elle porte également la voix des victimes du massacre de 1988, où environ 30 000 prisonniers politiques, principalement affiliés à l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran (OMPI), ont été exécutés sur ordre de Khomeiny. Elle insiste sur la nécessité de raconter ces souffrances pour que le monde comprenne l’ampleur des crimes commis par le régime iranien. « C’est à nous de raconter les souffrances d’Achraf et de toutes les victimes du massacre », déclare-t-elle, en référence à Ashraf Radjavi, figure emblématique de la résistance iranienne.
Son témoignage s’inscrit dans un combat plus large pour la justice et la liberté en Iran. Lors d’une conférence organisée par le Conseil National de la Résistance Iranienne (CNRI) en janvier 2022, Azadeh Alemi avait déjà appelé à une enquête officielle de l’ONU sur le massacre de 1988, un crime contre l’humanité resté impuni. Elle continue de militer pour que les responsables soient tenus pour compte et pour que les souffrances des prisonniers politiques ne tombent pas dans l’oubli.
La prison d’Evin : un symbole de la répression
La prison d’Evin, située dans les hauteurs de Téhéran, est un lieu emblématique de la répression du régime iranien. Réservée aux prisonniers politiques, elle est connue pour ses conditions de détention inhumaines, notamment dans la section 209, où les détenus sont souvent placés à l’isolement et soumis à des tortures physiques et psychologiques. Le bombardement de la prison par Israël le 23 juin 2025, qui a fait 79 morts selon Téhéran, a attiré l’attention internationale sur ce lieu de terreur, où des otages étrangers, dont les Français Cécile Kohler et Jacques Paris, sont également détenus.
Azadeh Alemi, en partageant son expérience, met un visage humain sur les horreurs perpétrées à Evin. Elle rappelle que derrière les murs de cette prison, des familles entières ont été brisées, des vies détruites, mais aussi que la résistance iranienne continue de lutter pour un avenir meilleur.
Un message d’espoir et de résistance
Malgré la douleur de ses souvenirs, Azadeh Alemi incarne une force de résilience. Son témoignage est un cri du cœur pour la liberté et l’égalité en Iran, un appel à ne pas oublier ceux qui ont sacrifié leur vie pour défier la dictature. En partageant son histoire avec Le Parisien, elle contribue à sensibiliser le public international aux injustices subies par le peuple iranien et à galvaniser le soutien pour la cause des droits humains.
Le CSDHI salue le courage d’Azadeh Alemi et réaffirme son engagement à défendre les droits des prisonniers politiques en Iran. Nous invitons nos lecteurs à lire l’intégralité de son interview sur le site du Parisien et à soutenir les efforts pour la justice et la liberté en Iran.


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