Les femmes à l’avant-garde des manifestations de grande ampleur en Iran
Une vague de résistance en Iran
Le mois de janvier 2025 a été marqué par une vague de protestations dans tout l’Iran, les femmes jouant un rôle de premier plan. De Téhéran à des villes plus petites comme Sanandaj et Ilam, des femmes de tous âges sont descendues dans la rue pour réclamer la justice, une aide économique et la fin de la discrimination. Leur présence a été frappante, démontrant une résistance inébranlable face à une répression croissante.
La fréquence et l’ampleur des manifestations
Les manifestations n’étaient pas des incidents isolés, mais un phénomène quasi quotidien tout au long du mois. Les informations indiquent que des manifestations ont éclaté dans de nombreuses provinces, notamment à Téhéran, au Khouzestan, au Kurdistan, à Ispahan, à Gilan, au Khorasan du Sud, à Mazandaran, à Fars, en Azerbaïdjan de l’Est, en Azerbaïdjan de l’Ouest, à Ilam et à Hormozgan.
Les femmes ont participé à des manifestations planifiées ou spontanées, reflétant le mécontentement croissant à l’égard des politiques du régime iranien.
Parmi les groupes les plus actifs figuraient les enseignantes, les travailleuses du secteur de la santé, les retraitées et les étudiantes. Les retraités, en particulier ceux du secteur des télécommunications, ont organisé des manifestations hebdomadaires dans de nombreuses villes, tandis que les enseignants et les infirmières ont organisé des sit-in et des manifestations de rue pour réclamer des salaires équitables et le respect des promesses du gouvernement.
Les protestations ont été particulièrement importantes parmi les enseignants retraités de la classe 2023, qui ont organisé des manifestations hebdomadaires pour réclamer leurs prestations non payées. Le régime iranien n’a cessé d’ignorer leurs demandes, ne leur laissant d’autre choix que de descendre dans la rue. Nombre de ces retraités se rendent à Téhéran depuis différentes villes et ont formé un mouvement de protestation très organisé et persistant.

Les principales revendications
Les revendications des manifestants sont diverses mais interconnectées. Les difficultés économiques sont restées au premier plan, les femmes réclamant une augmentation des salaires, des pensions reflétant l’inflation et la fin de la corruption du gouvernement. Beaucoup ont également réclamé des libertés politiques, dénonçant la répression permanente du régime à l’encontre des activistes et les arrestations arbitraires de manifestants.
Les manifestants ont notamment demandé l’abolition des lois discriminatoires, y compris les restrictions sur les codes vestimentaires et les possibilités d’emploi.
Au-delà des griefs économiques, de nombreux manifestants ont souligné que le peuple iranien reconnaissait le régime comme son principal oppresseur. Les manifestations ont également été alimentées par la frustration suscitée par la politique étrangère du régime iranien, de nombreux citoyens condamnant l’agenda guerrier du régime alors que l’économie nationale s’effondre. Le sentiment dominant parmi les manifestants est que le véritable changement ne peut venir que d’une mobilisation massive dans les rues.
Aperçu des manifestations en Iran
Le 6 janvier 2025, les éducateurs retraités de l’année 2023 ont organisé un grand rassemblement de protestation après que 16 mois se soient écoulés sans qu’ils aient reçu 60 % de leur prime de retraite (gratification de fin de service). Au cours de la manifestation, les retraités ont scandé : « L’éducateur est réveillé, il en a assez des discriminations – avec toutes ces ressources, la condition de l’Iran est ruinée – Nos revenus sont dans la gueule du dragon – Iran, le pays des hauts revenus, qu’est-ce que tu es devenu ? »
Peu après, les forces de sécurité de l’État ont tenté de disperser la manifestation pacifique en utilisant du gaz poivré. Cette agression a mis en péril la sécurité physique de plusieurs enseignants retraités, qui réclamaient le paiement de leurs prestations dues depuis longtemps.

En réponse, ils ont scandé : « S’il y avait une justice, aucun enseignant ne serait ici ».
Les enseignants retraités ont organisé des manifestations similaires dans 15 autres villes, avec les femmes en première ligne.
Le 27 janvier 2025, des groupes de retraités de la Compagnie des télécommunications ont organisé des rassemblements de protestation – au moins dans les provinces de Téhéran, Zanjan, Kermanshah, Ispahan et Ilam – en réponse à l’absence de réponse des autorités à leurs revendications professionnelles et à leurs besoins de subsistance.
À Téhéran, les manifestants sont descendus dans la rue en scandant : « Notre ennemi est ici même ; ils mentent lorsqu’ils disent que l’ennemi est l’Amérique ».
À Ilam, les retraités protestataires ont souligné dans leurs slogans la nécessité d’appliquer les réglementations en matière de protection sociale. A Kermanshah, ils ont déclaré : « Un retraité éveillé en a assez de l’oppression et de la coercition ».
En outre, à Ispahan et à Zanjan, les manifestants ont crié : « Ne tardez pas plus longtemps – résolvez notre problème maintenant. »

Slogans de défi
Les slogans scandés par les manifestants révèlent la profondeur du mécontentement du peuple iranien à l’égard du régime : Nous n’avons vu aucune justice, seulement des mensonges à n’en plus finir
– Ô Dieu de la justice, décapite ceux qui commettent l’injustice.
– Ni le parlement ni le gouvernement ne se soucient du peuple
– Notre ennemi est ici même ; ils mentent lorsqu’ils disent que l’ennemi est l’Amérique.
– Aucune nation n’a jamais connu autant d’injustice.
– Assez de bellicisme, notre table reste vide.
– Le siège du commandement des télécommunications de l’imam nous a privés de nos droits.
– Nous disons que les salaires sont trop bas, mais le prix du pain augmente.
– Lâchez les foulards, maîtrisez l’inflation
– Iran, terre de richesses, qu’es-tu devenu ?
– Si un seul acte de détournement de fonds était pris, notre problème serait résolu.
– Les retraités sont réveillés et en ont assez de l’oppression.
Ces chants signifient que l’on est passé de griefs purement économiques à des appels plus larges en faveur d’un changement systémique. Les femmes manifestantes, souvent en première ligne, ont clairement indiqué qu’elles n’étaient pas simplement en quête de réformes, mais une transformation fondamentale du paysage politique iranien.
La réponse du régime : Répression et intimidation
Le régime iranien a réagi en intensifiant la répression, déployant des policiers anti-émeutes et des agents en civils pour disperser les rassemblements. Des rapports en provenance de Téhéran et d’Ispahan ont confirmé l’utilisation de gaz lacrymogènes et des arrestations massives, de nombreuses femmes étant détenues puis libérées sous caution et sous la menace. Les forces de sécurité tentaient également de freiner la mobilisation en ligne en restreignant l’accès aux applications de messagerie et aux réseaux sociaux fréquemment utilisées par les militants.
Malgré ces mesures, les manifestations se sont poursuivies. Les femmes, sans se laisser décourager par les menaces, ont trouvé de nouveaux moyens de s’organiser, notamment des manifestations éclair et des actions coordonnées dans différents quartiers afin de submerger les forces de sécurité.
Le sentiment croissant de solidarité entre les manifestants s’étend au-delà des rues, puisque les manifestations à l’intérieur des prisons ont également fait écho aux mêmes slogans. Les manifestants à l’intérieur et à l’extérieur des murs des prisons partagent une cause commune, ce qui renforce encore l’unité et la détermination du mouvement.
Le rôle croissant des femmes dans le mouvement de protestation iranien
Le mois de janvier 2025 a renforcé le rôle crucial des femmes dans la résistance iranienne. Qu’il s’agisse de mener des chants ou de faire face aux forces de sécurité, les femmes ont consolidé leur place au cœur de la lutte pour la justice et la liberté. Leur participation massive envoie un message clair : Les femmes iraniennes refusent d’être réduites au silence.
Leurs voix se faisant de plus en plus fortes, il devient impossible d’ignorer les appels au changement.
Source: CNRI Femmes
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