Le 25 mars, des agriculteurs d’Ispahan ont organisé un rassemblement de protestation devant le service provincial de l’eau, exigeant un accès immédiat à l’eau d’irrigation. Ils ont réitéré leur slogan principal : « L’eau de Zayandeh Rud est notre droit absolu.» Cette manifestation s’inscrivait dans un mouvement de protestation plus large et permanent contre la mauvaise gestion des ressources en eau par le régime dans le centre de l’Iran.
Le même jour, à Khatunabad, dans la province de Kerman, au sud-est de l’Iran, des travailleurs se sont rassemblés pour exprimer leurs doléances face à la détérioration des conditions de travail, aux salaires impayés et à l’incapacité du gouvernement à faire face aux difficultés économiques. Ce rassemblement a aggravé la montée des conflits sociaux qui s’est intensifiée dans tout le pays, dans un contexte de pauvreté croissante.
Parallèlement, des rapports en provenance de la province du Sistan-Baloutchistan ont révélé de nouveaux cas de répression par le régime. Le 23 mars, les forces de sécurité – qualifiées par les habitants de « nervis du régime » – ont démoli la maison en construction d’un citoyen baloutche, rue Fazeli à Zahedan. Un acte similaire s’est produit le 21 mars à Iranshahr, où la maison inachevée d’un ouvrier baloutche a été détruite. Ces démolitions sont largement perçues comme faisant partie d’une campagne de longue date de discrimination et d’intimidation contre les communautés ethniques marginalisées d’Iran.
Le 23 mars également, des agriculteurs de l’est d’Ispahan ont organisé une manifestation avant l’aube, près de leurs tracteurs, exigeant la réouverture de la rivière Zayandeh Rud d’ici le 25 mars. Ils ont adressé leur message au gouverneur de la province, avertissant que l’absence d’eau intensifierait les manifestations.
Partout au pays, les citoyens ont fait de Norouz un moment de résistance, les familles des manifestants tués se rassemblant dans les cimetières pour honorer leurs proches. Ces hommages ont eu lieu dans des villes comme Téhéran, Qazvin, Mahabad, Diwandarreh, Kermanshah, Zanjan, Sanandaj, Saqqez, Boukan, Ezeh, Karaj, Islamshahr, entre autres. Les tombes étaient ornées de fleurs, de notes manuscrites et de messages de commémoration. À Mahabad, on a entendu l’enfant de Simko Moloudi, un manifestant tué lors du soulèvement, s’adresser en kurde : « Bonne année à toi, père, et à tous les martyrs.» Sa tombe portait l’inscription : « Ne pleurez pas sur ma tombe ; je suis fier d’être un martyr du peuple.»
À Téhéran, des fleurs ont été déposées devant les tombes de Mohsen Shekari, Sarina Saeedi et d’autres. Une mère endeuillée a écrit : « Cette année, quelqu’un manquera à jamais à notre Haft-Sin (la table traditionnelle iranienne de Norouz). Ce fut une année de larmes… Mais le printemps arrive. Nous surmonterons cette épreuve. »
Contrastant fortement avec les joyeuses célébrations du Norouz qui se déroulaient dans de nombreuses villes et villages kurdes, où les habitants accueillaient le Nouvel An avec le traditionnel khaakipoosh (robe kurde aux tons terreux), le foulard jamana et des danses collectives comme le halparke, le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) a perturbé par la force les festivités dans le village de Dizaj (Deza), dans la région de Margavar, dans le comté d’Ourmia. Selon des sources locales, les forces du CGRI ont bloqué des routes, convoqué des habitants et proféré des menaces pour empêcher tout rassemblement public.
Malgré cette répression, les cérémonies du Nouvel An se sont poursuivies dans certaines régions du Kurdistan, portées par la résistance et la résilience culturelle de la communauté. Dans un aveu public rare, le chef de la police Ahmad-Reza Radan a révélé que 75 membres des forces du régime avaient été tués l’année précédente. Sa déclaration – « Nous avons donné 75 martyrs des frontières aux villes » – était destinée à souligner le sacrifice du régime, mais souligne en fait l’ampleur de la résistance populaire et de la colère publique dirigée contre la dictature cléricale.
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