dimanche 9 mars 2025

TRIBUNE. Les femmes iraniennes, la force du changement, pionnières d’un combat universel

 Le courage surprenant des femmes iraniennes durant le soulèvement de 2022-2023 est resté à jamais gravé dans nos mémoires. Dans son rapport au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, la mission internationale indépendante dénonçait « les nombreuses violations graves des droits humains et des crimes de droit international commis contre les femmes et les filles en République islamique d’Iran ».

L’émancipation des Iraniennes, n’était-elle qu’une utopie éphémère, étouffée par cette cruelle répression, des meurtres, des tortures et des viols, comme le dénonce ce rapport ? C’est en effet la conclusion qu’il faudrait tirer, si l’on réduit cette grande épopée à l’image fantasmée que nous reflètent certains médias poussés par une frange de la diaspora iranienne nostalgique du passé. Nous serions en effet déçues d’observer la réalité iranienne depuis un prisme réducteur. L’enjeu serait-il donc que l’Iranienne se révolte juste pour se débarrasser d’un voile ? Aveuglé par un tel reflet, on risque de ne pas voir les femmes voilées, ni les hommes marcher aux côtés de ces jeunes filles courageuses. De ne pas remarquer ces femmes baloutches, vêtues de leurs habits traditionnels et portant le tchador, scander : « Avec ou sans voile, nous marchons vers le renversement ! »

Le mouvement de 2022, né après l’assassinat tragique de la jeune kurde Jina (Mahsa) Amini, a révélé bien plus qu’un rejet de la théocratie, Il a manifesté l’aspiration à un projet d’une société nouvelle. Ce fut une démonstration unique de diversité, de sororité et de fraternité, de pluralité et d’une laïcité qui transcende nos propres modèles, souvent fragiles face à l’intégrisme misogyne et sauvage ainsi qu’à un certain machisme qui s’obstine à persister. Les Iraniennes nous disent : « Marchons vers le renversement » d’un régime despotique religieux, d’une culture misogyne, certes, mais afin de garantir l’égalité. Ce qui n’est certainement pas le rejet de la riche culture et civilisation iranienne.

Il serait réducteur de voir dans ce soulèvement un simple désir d’« occidentalisation », tout comme il le serait de penser que la révolution antimonarchique de 1979 n’était qu’un rejet de l’Occident. En y regardant de plus près nous découvrons que, d’une révolution à l’autre, le peuple iranien rejette le despotisme sous toutes ses formes et aspire à la liberté. « À bas le tyran, qu’il soit Chah ou Mollah » lançaient les manifestant(e) s.

Le régime iranien a tenté de freiner l’ascension des femmes en imposant le voile obligatoire, mais aussi en les privant de l’accès à certaines branches d’études universitaires, à des fonctions comme la magistrature, ou encore aux postes de décision politique. Pourtant, dès le début du siècle dernier, les femmes iraniennes ont été à l’avant-garde de l’émancipation. Rappelons ces Iraniennes qui, en 1911, ont pris d’assaut le parlement (Majlis), dissimulant des pistolets sous leur tchador pour empêcher l’adoption d’une loi colonialiste. Les Iraniennes n’ont pas attendu 2022 pour défier le régime le plus misogyne de l’histoire récente, mais dès mars 1979, avec les premières manifestations massives contre le voile obligatoire.

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