Cette déclaration n’est pas un simple lapsus ; elle est essentielle pour comprendre la stratégie systématique du régime iranien consistant à utiliser les difficultés économiques comme moyen de contrôle. Elle met en lumière les raisons pour lesquelles, malgré d’importantes ressources naturelles, l’économie iranienne demeure en crise perpétuelle. Sous le régime de Khamenei, la souffrance économique n’est pas un imprévu, mais une politique.
La pauvreté comme arme
Le droit à un niveau de vie décent, incluant l’accès à la nourriture, aux soins de santé et au logement, est inscrit dans l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Pourtant, les politiques économiques délibérées du régime iranien contredisent ces principes, maintenant des millions de personnes dans le dénuement.
L’Iran possède l’une des plus grandes réserves mondiales de pétrole et de gaz. Pourtant, des décennies de mauvaise gestion, de corruption et de répression ont poussé une part importante de sa population sous le seuil de pauvreté. Si les responsables gouvernementaux imputent la responsabilité des sanctions internationales, la réalité est bien plus sinistre : l’élite dirigeante iranienne a intentionnellement entretenu la détresse économique pour réprimer la dissidence. Si les gens luttent constamment pour survivre, il leur reste peu d’énergie pour défier l’État.
Inflation, dévaluation monétaire et destruction des moyens de subsistance
Le régime clérical a activement contribué à l’hyperinflation, à la dévaluation monétaire et à la stagnation économique. En dépréciant le rial, il rend les produits de première nécessité inabordables, créant une population dépendante et désespérée.
Le rial iranien a perdu plus de 90 % de sa valeur au cours de la dernière décennie.
Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de plus de 300 % depuis 2022, écrasant la classe ouvrière.
Le taux de chômage reste dangereusement élevé, touchant de manière disproportionnée les jeunes et les femmes.
Ces conditions ne sont pas simplement le résultat d’une mauvaise gestion : elles sont le résultat d’un mécanisme de contrôle soigneusement élaboré.
Les Fonds « Bonyads » et mainmise économique
L’économie iranienne est largement contrôlée par de puissants Bonyads, ou fondations dites caritatives, exonérés d’impôts, irresponsables et sous la supervision directe de Khamenei. Ces entités, dont la Fondation Mostazafan et l’Astan Qods Razavi, contrôlent de vastes secteurs de l’économie, de la construction au secteur bancaire. Au lieu de réduire la pauvreté, elles fonctionnent comme des économies parallèles pour l’élite dirigeante, creusant encore davantage les inégalités de richesse.
L’hypocrisie flagrante des dirigeants iraniens transparaît dans le contraste saisissant entre leur style de vie fastueux et les difficultés des citoyens ordinaires.
Alors que des femmes du Sistan-Baloutchistan meurent en couches faute de soins médicaux, les membres de la famille de Khamenei se rendent à l’étranger pour accoucher dans de luxueux hôpitaux privés à Londres et au Canada.
L’élite dirigeante vit dans des villas à plusieurs millions de dollars dans le nord de Téhéran, tandis que des millions d’Iraniens sont contraints de vivre dans des bidonvilles sans accès à l’eau potable ni aux installations sanitaires de base.
Cette contradiction n’est pas fortuite : il s’agit d’une politique d’inégalités calculée. Maintenir les masses dans la pauvreté tout en profitant d’une opulence incontrôlée assure la mainmise de l’élite sur le pouvoir.
Répression par la misère économique
Au-delà des simples difficultés économiques, le régime instrumentalise la pauvreté pour empêcher toute opposition politique organisée. La logique est simple : si les gens peinent à se nourrir et à se loger, ils manquent d’énergie pour se mobiliser contre le gouvernement. Cette stratégie s’est illustrée lors des manifestations de 2017-2018 et de 2019-2020, déclenchées par le désespoir économique mais rapidement réprimées par la brutalité des forces de sécurité.
La répression des manifestations économiques prouve que la dictature cléricale ne considère pas la pauvreté comme un problème, mais plutôt comme un moyen de museler la dissidence. Une population bien nourrie et financièrement stable aurait le temps et les moyens de lutter contre la corruption de l’État, ce que le régime de Khamenei ne peut se permettre.
Si un État inflige délibérément des souffrances à son propre peuple pour sa survie politique, cela ne constitue-t-il pas un crime contre l’humanité ? En droit international, l’oppression systématique par des moyens économiques peut être qualifiée de persécution, passible de poursuites en vertu du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).
La communauté internationale doit reconnaître la politique iranienne pour ce qu’elle est réellement : non seulement une mauvaise gestion économique, mais un crime intentionnel contre son peuple.
La lutte inachevée pour la justice économique
Le peuple iranien mérite mieux qu’un régime qui considère ses souffrances comme un atout politique. Les récentes révélations sur la position de Khamenei sur la pauvreté confirment ce que beaucoup soupçonnaient depuis longtemps : l’oppression économique est un outil de dictature. Mais l’histoire montre aussi qu’aucun régime fondé sur l’oppression ne peut durer éternellement. Lorsque la pauvreté devient insupportable et que l’injustice atteint son paroxysme, les révolutions sont inévitables.
L’Iran est à un tournant. Le monde doit écouter les cris de son peuple et révéler la réalité d’un régime qui prospère sur la souffrance des Iraniens. Le combat du peuple iranien pour la dignité, la justice et la liberté économique est loin d’être terminé, et c’est un combat qu’il finira par gagner.
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