Le 13 mars 2025, dans le cadre de la 58e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, une conférence s’est tenue au siège européen des Nations Unies à Genève pour aborder la détérioration de la situation des droits de l’homme en Iran, et notamment la recrudescence des exécutions. Des personnalités politiques, des juristes, d’anciens prisonniers politiques et des proches de personnes exécutées ont assisté à l’événement.
Les intervenants de la conférence ont souligné l’urgence pour la communauté internationale d’adopter une politique de fermeté à l’égard du régime iranien et de demander des comptes à ses dirigeants pour le massacre de prisonniers politiques de 1988 et les crimes contre l’humanité qui continuent de se produire.
La conférence a accueilli des intervenants de renom, notamment :
Kirsty Brimelow, ancienne présidente du Comité des droits de l’homme du Barreau d’Angleterre et du Pays de Galles (2012-2018) et ancienne présidente de l’Association du Barreau pénal d’Angleterre et du Pays de Galles (2022-2023).
Claude Nicati, ancien procureur général adjoint de la Suisse (2001-2009) et ancien président du canton de Neuchâtel (2010-2011).
Le sénateur italien Roberto Rampi.
Behzad Naziri, ancien journaliste et membre de la Commission des affaires étrangères du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI).
Sahar Sanaii, défenseure des droits des femmes.
Behrooz Maqsoudi, membre de la famille de prisonniers politiques exécutés.
Mojgan Joulaï, militante et modératrice de l’événement.
Ouverte à l’événement, Mojgan Joulaï a souligné l’augmentation alarmante des exécutions en Iran et le contexte plus large des violations des droits humains. Elle a insisté sur l’importance d’une surveillance internationale et d’une action collective pour obtenir justice pour les victimes et leurs familles.
Kirsty Brimelow a évoqué le massacre de 1988, le décrivant comme une attaque systématique et généralisée contre des civils, qui a entraîné l’exécution d’environ 30 000 prisonniers politiques. Elle a souligné que ces actes, qui comprenaient des exécutions arbitraires, des disparitions forcées et des exécutions extrajudiciaires, ont été perpétrés en violation des traités internationaux relatifs aux droits humains dont l’Iran est signataire.
Brielow a cité des rapports documentés, notamment les conclusions du Rapporteur spécial des Nations Unies, confirmant le caractère extrajudiciaire de ces exécutions. Elle a également souligné l’absence de poursuites judiciaires pour les responsables, dont beaucoup occupent aujourd’hui des postes importants au sein du gouvernement iranien. Brimelow a appelé à la collecte et à la préservation des preuves afin de garantir la tenue de futurs procès pour les personnes impliquées dans ces crimes.
Claude Nicati a évoqué le cas du Dr Kazem Radjavi, éminent défenseur des droits humains et représentant du CNRI en Suisse, assassiné à Genève en 1990. Il a souligné que l’incapacité à traduire en justice les auteurs de crimes passés a encouragé le régime à poursuivre sa politique d’exécutions. Nicati a averti que sans une intervention internationale sérieuse, la vague d’exécutions, notamment celle des prisonniers politiques Behrooz Ehsani et Mehdi Hassani, se poursuivra. Il a rejeté les prétentions du régime iranien à une procédure régulière, qualifiant le système judiciaire d’outil de répression plutôt que de justice.
Sahar Sanaï a mis l’accent sur la violence systémique du régime envers les femmes, soulignant que l’Iran affiche l’un des taux d’exécutions de femmes les plus élevés au monde. Malgré cette répression, les Iraniennes ont joué un rôle majeur dans la lutte pour la liberté et la démocratie, comme en témoignent les soulèvements de 2022. Sanaii a cité les grèves de la faim en cours dans les prisons iraniennes comme une forme de protestation contre les exécutions massives et l’oppression gouvernementale. Elle a réaffirmé l’importance du soutien international aux femmes iraniennes qui luttent pour leurs droits.
Le sénateur italien Roberto Rampi a condamné la pratique des prises d’otages d’État par le régime iranien, citant des cas récents de ressortissants occidentaux détenus pour faire pression sur les gouvernements afin qu’ils fassent des concessions. Il a cité les cas d’Assadi, diplomate iranien reconnu coupable de terrorisme en Belgique, et d’Hamid Noury, condamné à la prison à vie en Suède pour son rôle dans les exécutions de 1988. Tous deux ont été libérés en échange d’otages européens, créant un dangereux précédent en matière d’impunité. Rampi a averti que la clémence occidentale avait encouragé le régime à poursuivre ses violations des droits humains et son terrorisme d’État.
Behrooz Maqsoudi a partagé sa tragédie personnelle, racontant comment trois de ses oncles ont été exécutés dans les années 1980 en raison de leurs convictions politiques. Il a souligné l’importance des actions de sensibilisation internationales, telles que la campagne « Non aux exécutions », qui a gagné du terrain dans les prisons iraniennes malgré une répression brutale.
Behzad Naziri a clôturé la conférence en reliant le massacre de 1988 à la vague actuelle des exécutions en Iran. Il a souligné que le régime continue d’utiliser les exécutions comme un outil pour réprimer la dissidence, ciblant en particulier les membres de l’opposition. Naziri a exhorté la communauté internationale à renouveler le mandat du Rapporteur spécial des Nations Unies et à élargir les enquêtes sur les violations des droits humains en Iran.
Les intervenants ont collectivement appelé à des mesures internationales plus fortes, notamment diplomatiques et juridiques, pour tenir l’Iran responsable de ses violations des droits humains. Ils ont averti que sans une intervention internationale décisive, le régime iranien poursuivrait sa politique de répression, d’exécutions et de persécution politique.
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