lundi 31 mars 2025

La situation des prisonniers politiques dans le couloir de la mort en Iran – Partie 5

 Le régime au pouvoir en Iran poursuit sa répression des dissidents et prisonniers politiques par des condamnations à mort, des tortures incessantes et des mises à l’isolement de longue durée.

Une chaîne de répression et de résistance

Introduction

Ces instruments de répression sont utilisés pour faire taire toute voix de protestation et pour créer un climat de peur dans la société. Dans les rapports précédents, nous avons examiné la situation de plusieurs prisonniers politiques condamnés à mort. Dans cette édition, nous examinons le cas de Seyed Mohammad Taghavi, un prisonnier politique détenu à la prison d’Evine, qui a été soumis aux formes les plus dures de répression brutale.

Seyed Mohammad Taghavi : de la résistance des années 1980 à une nouvelle bataille dans les années 2020
Seyed Mohammad Taghavi, graphiste et militant politique de 58 ans né en 1966, est confronté à la répression, à l’emprisonnement et à la torture sous le régime clérical iranien depuis plus de quatre décennies. Il a été arrêté pour la première fois au début des années 1980, pendant les premières années qui ont suivi la révolution iranienne. Au fil des ans, il a été poursuivi et emprisonné à plusieurs reprises. Sa dernière condamnation, prononcée en 2021, l’a reconnu coupable de « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale » et l’a condamné à cinq ans de prison et à deux ans d’exil à Kahnooj, dans la province de Kerman. Toutefois, sa liberté a été de courte durée. En mars 2024, il est de nouveau arrêté à Chaldoran et transféré à la prison d’Evin.

L’isolement cellulaire : Une torture silencieuse mais mortelle

Après son transfert à la prison d’Evine, il a passé 168 jours à l’isolement dans le pavillon 209, complètement coupé du monde extérieur. En juillet 2024, lorsqu’il a refusé de participer à son simulacre de procès, le juge Iman Afshari a ordonné son retour à l’isolement. Cette forme de punition, qui vise à briser la volonté des prisonniers, est largement reconnue comme de la torture par les traités internationaux, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et l’article 17 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH).

Torture, partage forcé de cellules et protestation contre les abus systémiques

L’une des principales raisons pour lesquelles Seyed Mohammad Taghavi a entamé une grève de la faim n’était pas seulement les pressions qui lui étaient imposées, mais aussi le fait d’avoir été témoin des tortures brutales infligées à d’autres détenus. Il a été placé dans une cellule avec un prisonnier afghan qui avait été gravement torturé. Ce prisonnier a été battu à mort et a subi des traitements inhumains. Témoin de ces horreurs, Mohammad Taghavi a entamé une grève de la faim en signe de protestation, défendant les droits de l’homme de son compagnon de détention. Cet acte met en lumière l’esprit qui distingue les prisonniers politiques des autres : une lutte non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour la justice et la dignité humaine pour tous.

Procès pour l’exemple et affaires de sécurité fabriquées de toutes pièces

Le 24 juin 2024, les prisonniers politiques Seyed Mohammad Taghavi, Vahid Bani Amarian, Babak Alipour et Pouya Ghobadi ont été convoqués à la branche 26 du tribunal révolutionnaire de Téhéran pour une audience d’inculpation. Cependant, ils ont refusé de porter l’uniforme de la prison et d’assister à la séance du tribunal. En réponse, le juge Iman Afshari a menacé de transférer Seyed Mohammad Taghavi au pavillon 209 de la prison d’Evine.

Seyed Mojtaba Taghavi, le frère de Seyed Mohammad Taghavi, a également été poursuivi dans le cadre de la même affaire pour « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale » et « appartenance à l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI) ».

Enfin, le 6 octobre 2024, Seyed Mohammad Taghavi et six autres prisonniers, dont Babak Alipour, Vahid Bani Amarian, Pouya Ghobadi, Ali Akbar Daneshvarkar et Abolhassan Montazer, ont été condamnés à mort lors d’un simulacre de procès pour « rébellion » et « collaboration avec l’OMPI ». Aucun de ces prisonniers n’a bénéficié du droit à une défense équitable ; leurs peines ont été déterminées à l’avance, sur la base d’aveux forcés obtenus sous la torture.

Amnesty International a lancé un appel urgent au nom de six prisonniers politiques – Abolhassan Montazer, Akbar (Shahrokh) Daneshvarkar, Babak Alipour, Mohammad Taghavi Sangdehi, Pouya Ghobadi et Vahid Bani Amarian – pour les avertir qu’ils risquaient d’être exécutés à l’issue d’un procès inéquitable.

Prison, cellules de mort et volonté inébranlable

Pour protester contre ses conditions de détention dans le pavillon 209 de la prison d’Evine et la torture de son compagnon de cellule, Mohammad Taghavi a entamé une grève de la faim à la mi-septembre 2024. Son état physique s’est considérablement détérioré. Selon ses codétenus, il s’est présenté au tribunal après un mois de grève de la faim, très affaibli et émacié. Son état de santé fragile a choqué ceux qui l’ont vu. La pression psychologique et physique exercée sur ces prisonniers reflète la politique systématique du régime iranien visant à éliminer les dissidents et les forces de résistance.

La communauté internationale : Est-il temps d’agir ?

La situation des prisonniers politiques en Iran a atteint un point critique. Les instances internationales doivent prendre des mesures concrètes et urgentes pour mettre fin aux exécutions politiques et à la torture. Le temps est venu pour le monde de dépasser les condamnations verbales et d’imposer une pression juridique et diplomatique pour forcer le régime à mettre fin à cette répression brutale.

Ce rapport se poursuivra dans les prochaines éditions et couvrira d’autres cas de prisonniers politiques dans le couloir de la mort.

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