mardi 18 mars 2025

Le conflits internes au régime iranien concernant le port obligatoire du hijab attisent la défiance publique

 L’Assemblée des experts du régime iranien a redoublé d’efforts pour faire respecter le hijab obligatoire, publiant une déclaration exhortant les autorités à prendre des mesures décisives contre les prétendues déviations culturelles. Le 16 mars, le Conseil a déclaré que les responsables devaient « se montrer fermes face aux complots ennemis, notamment en matière de chasteté et de hijab », appelant à une répression accrue contre les femmes qui défient le code vestimentaire strict.

Ce regain de répression intervient dans un contexte d’escalade des luttes intestines au sein du régime concernant la gestion de la désobéissance croissante de la société. Les factions extrémistes insistent sur le fait que tout assouplissement de la loi sur le hijab déclenchera des soulèvements, tandis que leurs rivaux affirment qu’un durcissement des restrictions provoquera des troubles encore plus importants. Malgré ces points de vue opposés, les deux factions partagent la même crainte profonde : une société au bord de l’explosion, prête à défier le régime clérical lui-même.

Les divisions internes du régime ont été encore plus révélées lorsqu’un religieux extrémiste, Hamed Vafsi, a averti le président du régime, Massoud Pezeshkian, que la non-application de la loi sur le hijab ferait de lui un dirigeant « illégitime ». « Si vous refusez d’appliquer cette loi, vous êtes corrompu et fourbe », a déclaré Vafsi. « Vous avez juré sur le Coran de respecter la loi islamique ; si vous la transgressez, vous êtes déjà destituée. Nous n’avons même pas besoin de vous destituer.» Ses propos incendiaires soulignent comment certaines factions instrumentalisent la question du hijab pour asseoir leur emprise sur le nouveau gouvernement de Pezeshkian, contestant ainsi de manière préventive toute éventuelle indulgence en matière de restrictions sociales.

De son côté, Mahmoud Nabavian, député proche du guide suprême du régime, Ali Khamenei, a accusé ses collègues du Front Paydari d’attiser délibérément les tensions. « Certains tentent de monter le Parlement contre le Conseil suprême de sécurité nationale », a averti Nabavian. « Nous ne pouvons pas nous permettre la division alors que le pays est déjà instable. » Cependant, son appel à la prudence n’a guère contribué à endiguer les fractures croissantes au sein du régime, alors que les autorités poursuivent leur campagne agressive pour imposer un contrôle social strict.

Nabavian, l’un des initiateurs de la « Loi sur le hijab et la chasteté », a averti dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux : « Lorsque nous avons adopté la loi sur le hijab, c’était avant la chute de la Syrie, avant le martyre de Seyed Hassan [Narallah]. Le Conseil suprême de sécurité nationale a déclaré que, pour l’instant, tout ce qui pourrait créer une polarisation doit être évité. »

Il a également souligné, citant des versets coraniques, que la préservation de l’État islamique est encore plus importante que la préservation d’une seule personne, fût-ce l’imam de l’époque actuelle. Il se pourrait que l’ennemi nous oblige à n’appliquer que partiellement la loi sur le hijab. Nous ne devons pas polariser la société au détriment de l’État.

Les institutions de sécurité du régime sont pleinement conscientes des dangers que représentent les dissensions internes autour de la loi sur le hijab obligatoire. Le journal d’État Siasat Rooz a reconnu ces tensions le 17 mars, révélant que le Conseil suprême de sécurité nationale avait conseillé de retarder l’application de la loi, avertissant que « l’application de lois susceptibles de provoquer des émeutes et des troubles doit être temporairement suspendue ».

Alors que l’élite dirigeante se bat sur la question du hijab, ses luttes intestines ne font qu’enhardir la société iranienne. Les conflits mêmes qui étaient censés renforcer le contrôle du régime encouragent au contraire la population à défier toute répression. Plus le régime se bat contre lui-même, plus il devient clair que des choses comme le hijab ne sont plus seulement des symboles de doctrine religieuse, mais des champs de bataille pour sa survie. Et dans cette bataille, le peuple iranien montre de plus en plus clairement qu’il ne se soumettra pas.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire