Mai Sato, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Iran, s’est déclarée gravement préoccupée par l’escalade des violations des droits de l’homme dans son dernier rapport, présenté au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies le 12 mars 2025. Ce document complet, soumis en vertu de la résolution 55/19 du Conseil des droits de l’homme, se concentre sur l’évolution de la situation en 2024, soulignant les « dimensions et l’impact sexospécifiques des violations des droits de l’homme » sous la dictature cléricale en Iran.
Sato a souligné la forte augmentation des exécutions pratiquées par les autorités iraniennes, marquant 2024 comme l’année la plus chargée en termes d’exécutions depuis 2015. Les ONG ont fait état de « plus de 900 exécutions », positionnant l’Iran comme « de loin le pays où la peine de mort est la plus prononcée par habitant au monde ». Elle a critiqué l’opacité systémique du régime, soulignant que les chiffres officiels restent non publiés, violant ainsi les principes fondamentaux des droits humains, notamment le « droit d’accès à l’information », intrinsèquement lié au « droit à la vérité ».
La dimension genrée des pratiques judiciaires iraniennes est particulièrement alarmante. La Rapporteuse spéciale a recensé l’exécution d’au moins 29 femmes rien qu’en 2024 – le nombre le plus élevé depuis dix ans – dont beaucoup ont été condamnées pour avoir tué des maris violents ou pour des actes de légitime défense. « À l’échelle mondiale, de nombreuses femmes condamnées à mort pour homicide ont commis leur crime dans un contexte de violences sexistes », note le rapport, soulignant l’extrême vulnérabilité des femmes au sein du système pénal iranien.
Sato a également condamné la poursuite des exécutions de mineurs délinquants, citant explicitement Mohammadreza Azizi, condamné pour un crime commis alors qu’il n’avait que 17 ans. « L’interdiction de la peine de mort pour une infraction commise par une personne de moins de 18 ans a été reconnue comme une norme impérative », a-t-elle fermement affirmé.
Soulignant la discrimination systémique à l’encontre des groupes ethniques, le rapport a constaté des taux d’exécution disproportionnés parmi les communautés kurde et baloutche, qui représentent un pourcentage de prisonniers exécutés nettement plus élevé que ne le suggère leur part démographique. La Rapporteuse a exhorté le régime iranien à « fournir des preuves statistiques transparentes s’il souhaite réfuter les allégations de pratiques discriminatoires ».
Sato a également attiré l’attention sur la question cruciale des féminicides et des crimes d’honneur, faisant état d’au moins 179 cas de féminicides en 2024, les auteurs étant principalement des maris ou des hommes de la famille. La loi iranienne, notamment les articles 301 et 630 du Code pénal, qui accordent une certaine clémence aux hommes coupables de crimes d’honneur, institutionnalise davantage la discrimination fondée sur le genre et les violences faites aux femmes.
Malgré des réunions officielles et des demandes répétées d’accès à l’Iran, Mme Sato a exprimé sa frustration face au refus persistant du régime iranien de coopérer pleinement, soulignant les obstacles importants liés à la « censure stricte des médias » et aux représailles contre ceux qui dénoncent les violations. Elle a conclu en appelant les autorités iraniennes à agir d’urgence, à faire preuve de transparence et à coopérer afin de remédier à ces graves violations des droits humains.
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