Une nouvelle vague de protestations a éclaté à travers l’Iran le lundi 3 mars, alors que des retraités, des travailleurs contractuels et des employés de l’industrie sont descendus dans les rues de plusieurs villes, exprimant leur colère face aux difficultés économiques, aux salaires impayés et à la corruption du gouvernement. Les manifestations surviennent dans un contexte de crise économique qui s’intensifie, d’inflation galopante et de forte baisse du pouvoir d’achat, alors que la monnaie iranienne a plongé à 93 000 tomans pour un dollar américain et que le prix d’une pièce d’or a dépassé 75,5 millions de tomans.
Des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes, notamment à Lamerd, Ispahan, Tabriz, Ilam, Bijar, Sirjan, Rasht, Ahvaz, Zanjan et Shushtar. Les manifestants, principalement des retraités de la Telecommunication Company of Iran (TCI) et des travailleurs contractuels des secteurs pétrolier et sidérurgique, ont dénoncé l’incapacité du gouvernement à résoudre leurs difficultés financières et à mettre en œuvre les réformes promises depuis longtemps.
À Lamerd, dans le sud de l’Iran, les travailleurs contractuels de la zone opérationnelle Parsian du secteur pétrolier se sont mobilisés contre les baisses de salaires, l’augmentation des impôts et les salaires impayés. L’industrie pétrolière, un pilier essentiel de l’économie iranienne, a été gravement touchée par la corruption et la mauvaise gestion, ce qui a entraîné un mécontentement croissant parmi ses travailleurs.
Les retraités des télécommunications ont organisé de grandes manifestations à Ispahan, Tabriz, Ilam, Bijar et dans d’autres villes, dénonçant les gestionnaires affiliés au gouvernement qui détournaient les fonds de pension. Les manifestants de Bijar ont notamment réclamé la mise en œuvre d’une loi de 2010 exigeant que les retraites soient ajustées en fonction de l’inflation et du coût de la vie, une loi qui n’a toujours pas été appliquée après 14 ans.
Les retraités d’Ispahan ont scandé :
« Arrêtez de tergiverser, résolvez nos problèmes maintenant ! »
« Ce n’est que dans la rue que nous gagnerons nos droits ! »
« Retraités, criez haut et fort, exigez vos droits ! »
À Rasht, dans le nord de l’Iran, les manifestants ont accusé les institutions du régime de piller leurs fonds de pension, scandant :
« Le siège exécutif a volé notre argent ! »
« La Fondation de l’imam a pillé nos retraites ! »
Les retraités d’Ahvaz, Zanjan et Tabriz ont fait écho à des sentiments similaires, exigeant que leurs fonds volés leur soient restitués et accusant à la fois le gouvernement et les institutions économiques affiliées au CGRI de corruption systématique. Les manifestants de Zanjan ont crié :
« Ni le gouvernement ni le parlement ne se soucient du peuple ! »
« Nous n’avons pas de représentant, seul Dieu nous aidera ! »
Plus de 300 ouvriers de la Sirjan Steel Company, dans le sud de l’Iran, se sont rassemblés devant le gouvernorat, exigeant des augmentations de salaires pour faire face à l’inflation galopante. L’industrie sidérurgique, autre contributeur majeur de l’économie iranienne, a vu ses conditions de travail se détériorer en raison des plafonds salariaux imposés par l’État et du manque d’investissement.
Les manifestations coïncident avec l’aggravation de la crise économique en Iran. À l’approche du Nouvel An persan (Nowruz), la hausse du coût de la vie a poussé des millions de personnes encore plus loin dans la pauvreté.
Les détaillants de tout l’Iran signalent que les entreprises ferment en masse en raison de la stagnation des ventes et du prix inabordable des produits. Akbar Pazouki, chef du syndicat des fabricants d’appareils électroménagers affilié à l’État, a mis en garde contre une augmentation de 25 % des prix des appareils électroménagers, citant la récente suppression du taux de change NIMA par le gouvernement et la hausse des coûts d’importation qui en a résulté.
Il a ajouté que l’inflation a touché tous les secteurs, des produits laitiers aux produits d’entretien, en passant par les céréales, le riz et le sucre. Pazouki a expliqué : « Certains biens nécessitent 60 à 70 % de devises étrangères pour leur production, tandis que d’autres sont produits principalement à partir de matériaux locaux. Pourtant, les politiques du gouvernement ont provoqué une inflation dans tous les secteurs, aggravant la situation des consommateurs. »
Les manifestations de lundi s’inscrivent dans une tendance plus large de contestation publique croissante en Iran. Au cours des deux dernières années, les ouvriers de l’industrie, les retraités, les enseignants et les infirmières sont de plus en plus nombreux à descendre dans la rue alors que leurs difficultés financières s’aggravent. Le régime a répondu par des promesses creuses, des mesures de répression et des arrestations systématiques de militants syndicaux, mais la fréquence des manifestations indique que les troubles sociaux s’intensifient rapidement.
Les manifestations hebdomadaires des retraités des TCI, en particulier, se poursuivent depuis plusieurs mois, alimentées par des problèmes tels que la stagnation des prestations de retraite, les arriérés non réglés, l’absence d’assurance maladie complémentaire et le refus du gouvernement d’ajuster les salaires à l’inflation.
À Shushtar, dans le sud de l’Iran, des retraités de divers secteurs se sont rassemblés devant le bureau de la sécurité sociale, scandant : « Nous sommes des retraités, nous voulons nos droits ! »
Une manifestation parallèle a eu lieu à Kermanshah, dans l’ouest de l’Iran, où les manifestants ont exigé que le gouvernement s’occupe de leurs droits du travail, longtemps négligés.
La dictature cléricale n’a pas réussi à apporter de solutions significatives à la dégradation de la situation économique La situation économique est critique. Au lieu de cela, le régime continue de privilégier l’expansionnisme militaire, le soutien aux groupes mandataires et la répression interne au détriment des difficultés financières de ses citoyens.
Avec une inflation hors de contrôle, des salaires stagnants et un gouvernement refusant d’ajuster les retraites ou d’appliquer les protections des travailleurs, le mécontentement atteint de nouveaux sommets. La dernière vague de protestations est un nouvel avertissement que les crises économiques et sociales de l’Iran sont loin d’être sous contrôle et que la mauvaise gestion du régime ne fait qu’alimenter de nouveaux troubles.
Alors que la situation évolue, la question demeure : combien de temps le régime pourra-t-il réprimer ces protestations croissantes avant de faire face à un autre soulèvement national?
Source : CNRI
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